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vendredi 2 juillet 2010

Les lois sur le Harcèlement moral au travail sont-elles un échec ?

  Un ami, avec qui j'en parlais, spécialiste des lois du travail, me confia que les procès pour Harcèlement Moral échouaient souvent, faute de témoins... Une amie, à l'honnêteté au-dessus de tout soupçon, fut soumise à la violence de son chef : elle me rapporta qu'une seule personne, sur cent employés, se déclara prête à témoigner en sa faveur. J'ai connu aussi ce processus. La victime voit des sourires entendus, entend des sous-entendus, des gens qu'elle ne connait pas viennent s'en prendre à elle, à son travail, ou à sa personne, des collègues pratiquent la délation et le dénigrement et on finit par lui retirer son travail...
 La plupart des représentations que nous avons, tiennent à ce que nous cherchons un coupable, un acteur désigné qui soit la cause de nos maux : patron, DRH, chef de service... L'encadrement regorge d'ambitions et il est devenu de nos jours un désert Moral, mais ça ne suffit pas à définir un harcèlement : le départ de l'opposant ne fait pas cesser le harcèlement.

 Cela ne vient-il pas de ce que le harcèlement moral est une action de groupe ? Ce qui a initié la pression n'est pas toujours une personne, une rumeur ou une réputation suffit à initier le processus... Un cadre va se charger de vous désigner à la vindicte, il est le premier relais, celui du pouvoir. Mais il ne va pas suffire : le simple jeu des pouvoirs à l'intérieur de l'encadrement peut suffire à annuler le Harcèlement qui se dessine. Il va falloir que le relais ne dispose d'aucun opposant, ou de connivences. À ce moment, la dynamique de groupe peut être activée. 
 En premier,  ceux qui espèrent tirer profit de tout, y compris des difficultés d'autrui, se chargeront soit d'accuser publiquement la victime qui leur a été désignée, soit de lui mettre des bâtons dans les roues, en faisant en sorte que la victime n'en sache rien. La victime a toujours des ennemis naturels qui ne seront que trop heureux d'amplifier la pression. En troisième, les flatteurs, soucieux de complaire à leur direction, se découvriront le goût des responsabilités et de l'initiative : leur désir de plaire n'aura de cesse d'amplifier la pression.
  La Soumission enfin, la grande, la vraie, la plus sordidement répandue, la Soumission enrobera le Harcèlement comme un gâteau a besoin d'une génoise pour lui donner forme et effet. Là tout est prêt...

  Donc, si le Harcèlement Moral est l'œuvre d'un groupe, c'est le groupe, son fonctionnement,  son idéologie, les situations de toute-puissance qu'il crée... qu'il faut analyser et remettre en question son statut global. Le pouvoir n'est qu'une délégation, et ses maîtres temporaires ne sont que les obligés de l'entreprise.
(dessin emprunté à WOLINSKI)

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