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jeudi 23 septembre 2010

Discours sur la servitude volontaire : je ne félicite pas mes maîtres !

Chose vraiment étonnante de voir un million d'hommes misérablement asservis sous le joug, non qu'ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu'ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d'un qu'ils ne devraient pas redouter - puisqu'il est seul, ni aimer - puisqu'il est envers eux inhumain et cruel...
... Ce maître, ce qu'il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. D'où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n'est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s'il ne vous les emprunte ?
  Je me souviens d'une professeur de philosophie, qui expédia en quelques heures Montesquieu, Voltaire, Rousseau et Diderot. Je réfléchis depuis des années sur les bizarreries du pouvoir dans les entreprises et voilà qu'une quarantaine de pages lumineuses décrivent les abus de pouvoir, le harcèlement moral, et que cette voix haute et claire a un nom étrangement connu, venu d'une chanson de Brassens, pour tout dire, et que cette voix décrit les fondements du pouvoir par cette remarque : nos tyrans ne se maintiennent au pouvoir, non par la répression et la violence, mais par le consentement de ceux qui ont tout à en souffrir.
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Après ça, vos lectures vous sembleront fades : DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE d'Etienne de LA BOETIE (1530 - 1563) : il existe un éditeur assez intelligent pour avoir réédité ce chef d'oeuvre dans une version traduite en français moderne (en 1997) : un grand merci aux Editions MILLE ET UNE NUITS !
Modération : ce n'est pas sans doute pas la seule édition mais celle que j'ai découverte, et la postface donne toute la finesse de celle qui l'a traduite en français moderne. C'est la plus facile à trouver, et la moins chère.
En matière de conseil de lecture, j'y ajouterai cette excellente thèse de Bernardette Gadomski : « La Boëtie, le penseur masqué », dont j'ai croisé l'auteur au Salon de Vaux-le-Pénil et où l'auteur analyse les conditions d'apparition de ce météore de la philosophie et du pouvoir, et la permanence d'un ouvrage qui disparaît des décennies et qui resurgit tout aussi régulièrement, lecture migratrice, propice au sentiment d'injustice et d'abus... 

1 commentaire:

Denis Gaschignard a dit…

Très bonne initiative… Juste une correction, le discours n'est vraiment pas introuvable, même transposé en français moderne. Ainsi à la librairie à côté de chez moi se trouve une édition scolaire chez Folio… en français d'aujourd'hui...