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dimanche 5 février 2012

Fantaisie & La cousine (Gérard de Nerval)

La FANTAISIE est célèbre...
 Il est un air pour qui je donnerais
 Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber ;
 Un air très vieux, languissant et funèbre,
 Qui pour moi seul a des charmes secrets.
*
 Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
 De deux cents ans mon âme rajeunit :
 C'est sous Louis XIII... et je crois voir s'étendre
 Un coteau vert que le couchant jaunit,
*
 Puis un château de brique à coins de pierre,
 Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
 Ceint de grands parcs avec une rivière
 Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs.
*
 Puis une dame à sa haute fenêtre,
 Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens...
 Que, dans une autre existence peut-être...
 J'ai déjà vue ! - et dont je me souviens !
*
Mais on peut lui préférer le charme de LA COUSINE
*
L'hiver a ses plaisirs ; et souvent, le dimanche,
Quand un peu de soleil jaunit la terre blanche,
Avec une cousine on sort se promener....
- Ne vous faites pas attendre pour dîner,
*
Dit la mère. Et quand on a bien, aux Tuileries
Vu sous les arbres noirs les toilettes fleuries,
La jeune fille a froid... et vous fait observer
Que le brouillard du soir commence à se lever.
*
Et l'on revient, parlant du beau jour qu'on regrette,
Qui s'est passé sivite... et de flamme discrète :
Et l'on sent en rentrant, avec grand appétit,
Du bas de l'escalier, - le dindon qui rôtit.

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