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dimanche 15 avril 2012

La solitude (Barbara)

Je l'ai trouvée devant ma porte,
Un soir que je rentrais chez moi,
Depuis elle me fait escorte,
Elle est revenue, la voilà,
La renifleuse des amours mortes,
Elle m'a suivie, pas à pas,
La garce, que le diable l'emporte,
Elle est revenue, elle est là.

Avec sa gueule de carême,
Avec ses larges yeux cernés,
Elle nous fait le cœur à la traîne,
Elle nous fait le cœur à pleurer,
Elle nous fait les matins blêmes,
Et de longues nuits désolées,
La garce, elle nous ferait même,
L'hiver en plein cœur de l'été.

Dans sa triste robe de moire,
Avec tes cheveux mal peignés,
Tu as la mine du désespoir,
Tu n'es pas belle à regarder,
Allez, va-t-en porter ailleurs,
Ta triste gueule de l'ennui,
Je n'ai pas le goût du malheur,
Va-t-en voir ailleurs si j'y suis,

Je veux encore rouler des hanches,
Je veux me saouler de printemps,
Je veux me payer des nuits blanches,
A cœur qui bat, à cœur battant,
Avant que sonne l'heure blême,
Et jusqu'à mon souffle dernier,
Je veux encore dire « Je t'aime »
Et vouloir mourir d'aimer,

Elle a dit : « Ouvre-moi ta porte,
Je t'avais suivie pas à pas,
Je sais que tes amours sont mortes,
Je suis revenue, me voilà,
Ils t'ont récité leurs poèmes,
Tes beaux messieurs, tes beaux enfants,
Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine,
Eh bien c'est fini, maintenant. »

Depuis elle me fait des nuits blanches,
Elle s'est pendue à mon cou,
Elle s'est enroulée à mes hanches,
Elle s'est couchée à mes genoux,
Partout, elle me fait escorte,
Et elle me suit, pas à pas,
Elle m'attend devant ma porte,
Elle est revenue, elle est là,
La solitude, la solitude...
                                             Barbara (1930-1997)
  • Ça ressemble à une version pirate de studio, le son est médiocre, mais l'interprétation très belle.

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