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jeudi 17 mai 2012

Aigri ? Aigrie ?

 Récemment, une jeune femme hautaine m'a accusé d'être aigri. Des regrets ? Oui. De la vanité ? Aussi. Mais pas d'aigreur, sauf celles d'un estomac qu'il suffit de rien pour aigrir... Et puis, j'avoue que j'ai des soucis plus importants. Evidemment, on accuse souvent autrui de ses propres défauts.
 Premier point, l'aigreur est une caractéristique que l'on suppose à autrui, mais pas à soi-même, on peut s'avouer le doute, le regret, parfois le remords... jamais l'aigreur et l'envie, ce qui donne la noirceur extrême de ce sentiment dans notre modernité...
 Second point, et pas le moins curieux, ce sont rarement ceux que la vie n'a pas gâtés qui sont aigris, mais il semblerait au contraire que l'aigreur soit plus souvent la marque des bien lôtis... Comme si leur bonheur était la source de leur aigreur. Ainsi, une cinéaste et auteur de théâtre, gâtée par le succès sur scène et sur l'écran décrit des personnages dont l'aigreur prend une forme dévastatrice et je sais que cet auteur, particulièrement aigrie, mène une vie d'enfer à ceux avec qui elle travaille... L'aigreur concerne plutôt des personnes à l'éclatante réussite. L'aigreur serait-elle la source cachée de leur talent ?
 En biologie, l'aigreur vient d'une réaction excessive de l'estomac à un truc qu'il ne peut pas digérer, et il envoie des giclées d'acide qui font souffrir, sans réduire la cause. Plus la cause résiste, plus l'aigreur monte, plus l'aigri fait souffrir son entourage
 Qu'est-ce qui est donc si indigeste ? Pas le talent, ils en ont. Pas la réussite, elle leur est donnée. Peut-être la certitude du temps qui passe ? Sans doute l'oisiveté. Probablement le manque d'intérêt et d'empathie sur ce qui les entoure... Voilà ce qui fâne les plus beaux traits, qui transforme une moue en grimace. Les aigris souffriraient-ils de la certitude de la décrépitude ?
Je n'ai plus que les os, 
Un squelette je semble,
Décharné, démusclé, démusclé, dépoulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé
     [... ] Adieu chers compagnons, adieu mes chers amis,
     Je m'en vais le premier vous préparer la place.    Ronsard
(ci-dessus, les restes de Ronsard retrouvés en 1932, et le travail du Dr Ranjard pour authentifier son squelette)


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