Goggle Analytics

dimanche 8 juillet 2012

Vol de nuit (Antoine de Saint-Exupéry)

Les collines, sous l'avion, creusaient déjà leur sillage d'ombre dans l'or du soir. Les plaines devenaient lumineuses mais d'une inusable lumière : dans ce pays elles n'en finissent pas de rendre leur or de même qu'après l'hiver, elles n'en finissent pas de rendre leur neige.
 Et le pilote Fabien, qui ramenait de l'extrême Sud, vers Buenos-Ayres, le courrier de Patagonie, reconnaissait l'approche du soir aux mêmes signes que les eaux d'un port : à ce calme, à ces rides légères qu'à peine dessinaient de tranquilles nuages. Il entrait dans une rade immense et bienheureuse.
 Il eût pu croire aussi, dans ce calme, faire une lente promenade, presque comme un berger. Les bergers de Patagonie vont, sans se presser, d'un troupeau à l'autre : il allait d'une ville à l'autre, il était le berger des petites villes. Toutes les deux heures, il en rencontrait qui venaient boire au bord des fleuves ou qui broutaient leur plaine.
 Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) est le poète de l'espace... à une époque où l'espace se cantonnait à quelques centaines de mètres au-dessus du sol, mais surtout où naissaient la grande administration du courrier.
 Ces trois paragraphes sont issus du début de Vol de nuit, qui obtint le prix Femina en 1931 et qui connut un immense succès, portant dans le monde entier la renommée du futur auteur du Petit Prince...

Aucun commentaire: