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samedi 1 septembre 2012

De Pinochet à Assange

 Le 16 octobre 1998, à l'occasion d'une opération médicale, le général PINOCHET est arrêté sur le territoire britannique et bientôt inculpé, entre autres, par le juge Baltasar Garzon pour des milliers de meurtres. Au terme d'une longue bataille de procédure, où le premier ministre fait casser un jugement d'arrestation de la chambre des Lords, le ministre des affaires étrangères britannique, Jack Straw, dans une comédie digne de l'élection du pape dans les Rois maudits, fait subir un scanner du cerveau au dictateur chilien, et le déclare inapte à être jugé... Pitrerie sinistre appuyée par la vidéo de la danse de victoire de Pinochet débarquant sur le sol chilien où on le voit, tel Lazare sortant de la tombe, bondir de de son fauteuil d'handicapé, embrasser les siens et danser en rond...
 Juin 2012, Julian Assange demande l'asile politique à un petit pays d'Amérique Latine, l'Equateur... ambassade qui subit depuis le siège des autorités britanniques. Là encore, le droit semble ubuesque : on accuse Julian Assange de crimes sexuels, mais aucune preuve, ni enquête ne vient étayer cette accusation, et la presse de préciser que la véritable menace, s'il se rendait, serait d'être inculpé par les britanniques pour l'affaire Wikileaks et d'espionnage par la justice des U.S.A. Les autorités suédoises protestent de leur indépendance ! Les militants militent.
 Relativement à la justice suédoise, je ne sais rien de la culpabilité de Julian Assange et je me garderai de le dédouaner de quoi que ce soit sans preuve.
 Dans le cas d'Assange, on assimile deux accusations distinctes sans souci de préciser sa responsabilité dans l'une et dans l'autre. Et j'avoue ne pas comprendre l'intelligence qui conduit à diffuser des notes confidentielles — des bruits de chiotte, excusez l'expression — qui serviront à tout ce qu'on veut, sauf à mener à la paix. Donc je ne suis pas un supporter de Julian Assange et je ne sais rien de sa sexualité. Ce que je sais, par contre, c'est que nous n'avons affaire dans ce cas pas à une banale histoire judiciaire suédoise : Albion qui avait su sauver un vieux dictateur est prête à bafouer le droit pour faire arrêter Julian Assange. Et c'est peut-être ça qui révolte : l'absence totale de justice... Dürenmatt le proclamait : dans ce monde, la Liberté n'est rien, l'Egalité des droits une Illusion, ne reste que la Justice que les peuples soient en droit d'exiger. Or l'Equateur, qui vient d'élire une assemblée constituante, travaille à forger une démocratie neuve, semble se souvenir de la leçon donnée par la vieille Albion à la justice internationale.
 L'esprit est surpris devant l'amoncellement d'accusations sans fondement. Chaque camp semble tenir à rester dans le flou, l'invective, la manifestation et le piétinement des lois... Aucun fait, aucune preuve, juste un rapport de forces. Dans les cas de Pinochet et d'Assange, les autorités britanniques, chantres de la liberté, piétinent les lois avec la mâle assurance de perpétuer la loi du plus fort... au fond, c'est ça qui frappe, la Loi du plus fort.
 Quand il s'agit d'adopter une règle commune, de progresser vers plus de solidarité en Europe, le Royaume-Uni n'a pas de mot assez fort pour proclamer son indépendance. Quand il s'agit des U.S.A., le même Royaume-Uni n'a plus d'indépendance, il ne pense plus, il n'agit plus, il se soumet...

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