Goggle Analytics

mercredi 17 octobre 2012

Définition et utilité du point-virgule

A la radio, j'aime écouter l'émission Les p'tits bateaux... de Noëlle Bréham. Dimanche 14 octobre, une petite fille demande à quoi sert un point-virgule. Pour une fois, l'expert que Noëlle Bréham questionne, répond avec brio, mais mal. Il nous sert un exposé impeccable sur l'apparition des signes de ponctuation : virgule, point, point-virgule, mais omet de dire la signification de chacun d'entre eux ; il réalise un historique savant, érudit et même exhaustif : date d'apparition, dans d'autres langues, puis en français, leur usage, la façon dont ils se répandent et comment chacun prend sa place dans la langue française, mais, va savoir pourquoi, il omet de dire à quoi ça sert. Etait-il fatigué ? Troublé par le micro ? Emotif ? Emu par le fait de participer à une émission aussi admirable ? Le mystère reste entier.
 Noëlle Bréham, qui sent le hiatus, lui demande de préciser sa définition de la bête, et là, notre homme, vaincu, de dire : « Le point-virgule est très riche, il sert à toutes sortes de cas » (je résume), mais il ne dit toujours pas ce que c'est.
 Je pense alors à mon propre correcteur, qui est une personne savante, mais pratique ; il nourrit une véritable tendresse pour le point-virgule, et me fournit une réponse meilleure : là où il faut plus qu'une virgule, et là où deux propositions indépendantes qui se succèdent entretiennent un lien suffisant pour que le point soit trop fort pour leur séparation.
 Vous en pensez ce que vous voulez, mais là, c'est une définition qui, pour être délicate d'application, tient la route on ne peut mieux ; à tel point que, pour environ deux cent point-virgule qu'il m'a suggérés sur un manuscrit, moi qui n'aime pas tellement cette ponctuation à demi-mesure, par amitié, j'en ai gardé quelques-uns. Je lui suis reconnaissant de cet amour du français ; il faut toujours répondre attentivement à une petite fille :-)

1 commentaire:

Bernard HENNINGER a dit…

De Denis Gaschignard :
« J’ai souri en lisant ton ; je suis un ami de cet animal là. Je te livre une définition personnelle et rapide : la virgule lie, le point sépare, le point-virgule est un soupir ; il est indispensable, à mes yeux, à une pensée mélodieuse. Plus concrètement, je l’utilise beaucoup, y compris dans mon travail administratif. C’est une des règles des juridictions administratives : les motivations d’une décision ne forment qu’une seule phrase ponctuée de points virgule. Sans dout un héritage de Jean-Jacques Cambacérès co-fondateur du Conseil d’État et maître es langue française ; on peut penser à sa contribution au Code civil. J’aime bien une rhétorique qui procède par progressions douces et nuances, par retouches, pour conclure franchement ; le point virgule est l’outil d’une pensée qui musarde, mais ne se perd pas. »