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dimanche 4 novembre 2012

Arthur, où t'as mis le corps ? (Reggiani & Vian)

Ce fut un forfait parfait, 
Un vrai forfait bien fait,
Car on est des fortiches.
Le client était futé, 
Alors on l'a buté
Pour faucher ses potiches
C'est Arthur qu'était chargé
De se débarrasser
De son cadavre moche
Mais Arthur a rappliqué 
En murmurant : « Ça cloche,
J'sais pas où il est passé ! »

« Hein ?

Arthur où t'as mis le corps ? » Qu'on s'est écrié en chœur,
« Ben j'sais pus où j'l'ai foutu les mecs »
« Arthur, réfléchis, non de delà ! Ça a une certaine importance. »
« C'que j'sais, c'est qu'il est mort, ça, les gars, je vous le garantis,
Mais bon sang, c'est trop fort, j'me rappelle pus où que j'l'ai mis.»

Mais le marchand d'antiquités,

Avant d'être liquidé,
Avait pris le bigophone
Et nous voilà dans la brousse, 
Un car de flics aux trousses.
On la trouvait moins bonne,
On a loupé un tournant
Et on se retrouve en plan
Au milieu d'une vitrine
Les poulets s'amènent en tas
Et puis ils nous cuisinent
Dans la petite pièce du bas.

« Ouille !

Arthur, où t'as mis le corps ? » s'écriaient les inspecteurs,
« Ben, j'sais pus où j'l'ai foutu, les mecs. »
« Arthur, réfléchis, non de delà ! Ça a une certaine importance. »
« C'que j'sais, c'est qu'il est mort, ça les gars, j'vous l'garantis.,
Mais bon sang, c'est trop fort, j'me rappelle pus où c'que j'l'ai mis ! »

« Alors y a plus d'preuve, hein ? 
Hein ? Y a plus d'preuve. »

On a écopé de dix ans
C'est plus que suffisant
Pour apprendre la belote.
On ne pouvait pas s'empêcher
De toujours questionner
Notre malheureux pote.
Comme il maigrissait beaucoup,
On cognait plutôt mou,
Pour pas trop qu'il s'étiole.
Mais en nous-mêmes, on pensait :
« Arthur se paie notre fiole,
Il nous fait tous marcher. »

« Tu vas causer, oui ?

Arthur, où t'as mis le corps ? » qu'tous les jours on lui d'mandait.
Arthur, il en est mort et on sait pas où il est passé !
Ah mince alors, Arthur,
Allons mes enfants, votre copain Arthur, où l'avez-vous mis, hein ?
Dites-le à votre bon petit directeur, hein !

Aucun d'nous n'se rapp'lait plus

Ce qu'on avait foutu
De cet Arthur de merde,
Et le directeur furax 
Attrapait des anthrax
A l'idée qu'il se perde,
On a fait v'nir un devin
Qui lisait dans les mains,
Et même dans les oreilles
Mais comme tout ça ne donnait rien, 
Un beau soir, on essaie,
Le spiritisme ancien.

Ça tourne, les enfants, ça tourne : « Arthur, es-tu là ? »

« Oui, les gars. » « Arthur, où t'as mis ton corps ? »
« Mais j'ai pus d'corps, les gars. »
« Arthur, as-tu du cœur ? »
« Belote, les gars, rebelote, et dix de der. »

Ah !

Et on a enfin compris que ce salaud d'Arthur était au paradis.
Oh, la vache ! Arthur...
De cette Chanson, on connaît surtout la version chantée par Serge Reggiani, et c'est très récemment que j'ai appris, par un ami, que le texte, ultra-savoureux, était de Boris Vian

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