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dimanche 9 décembre 2012

« Comme on l'fait pour danser l'tango ! » (J-R Caussimon)

Moi je suis du temps du tango
Où même les durs étaient dingos
De cette fleur du guinche exotique
Ils y paumaient leur énergie
Car abuser d'la nostalgie
C'est comm' l'opium, ça intoxique
Costume clair et chemise blanche
Dans le sous-sol du Mikado
J'en ai passé des beaux dimanches
Des belles venaient en avalanche
Et vous offraient, comme en cadeau,
Rondeurs du sein et de la hanche
Pour qu'on leur fasse danser l'tango !
                            *

Ces mômes-là, faut pas vous tromper
C'était d'la belle petit' poupée
Mais pas des filles, ni des mondaines
Et dame, quand on a travaillé
Six jours entiers, on peut se payer
D'un cœur léger, une fin d'semaine
Si par hasard et sans manières
Le coup d'béguin venait bientôt
Elles se donnaient, c'était sincère
Ah ! c'que les femmes ont pu me plaire
Et c'que j'ai plu ! J'étais si beau !
Faudrait pouvoir fair' marche arrière
Comme on l'fait pour danser l'tango !

                        *
Des tangos, y'en avait des tas
Mais moi j'préférais « Violetta »
C'est si joli quand on le chante
Surtout quand la boule de cristal
Balance aux quatre coins du bal
Tout un manège d'étoiles filantes
Alors, c'était plus Valentine
C'était plus Loulou, ni Margot
Dont je serrais la taille fine
C'était la reine de l'Argentine
Et moi j'étais son hidalgo
Œil de velours et main câline,
Ah ! c'que j'aimais danser l'tango !
                            *

Mais doucement passent les jours
Adieu, la jeunesse et l'amour
Les petites mômes et les «
Je t'aime »
On laisse la place et c'est normal
Chacun son tour d'aller au bal
Faut pas qu'ça soit toujours aux mêmes
Le cœur, ça se dit : corazon
En espagnol dans les tangos
Et dans mon cœur, ce mot résonne
Et sur le boulevard, en automne
En passant près du Mikado
Je n'm'arrête plus, mais je fredonne
C'était bath, le temps du tango !

 Jean-Roger CAUSSIMON (1918-1985) que l'on trouve sans peine, dans une version en public, essentiellement parolier, j'en prélève ces vers magnifiques :
 Car abuser d'la nostalgie
 C'est comm' l'opium, ça intoxique
 ... Faudrait pouvoir fair' marche arrière
  Comme on l'fait pour danser l'tango !
 Quand j'étais petit, Caussimon, pour moi, c'était un acteur, je n'aimais pas le voir chanter (en général, je n'aime pas trop quand les acteurs se mettent à chanter, sauf quand ils ont la voix de Christiane ou Michel Legrand), et je découvre qu'il se voyait comme parolier et qu'il fallut tout le génie et la persuasion de Pierre Barouh pour le convaincre d'enregistrer un album... Petite gâterie : Jean-Roger Caussimon s'explique sur la chanson avant que Catherine SAUVAGE ne chante le TEMPS DU TANGO (1939)... (musique de Léo Ferré, musique sauvée de la poubelle, comme nous l'apprend J-R Caussimon par la compagne de Léo Ferré).

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