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vendredi 7 décembre 2012

Dans les allées oubliées de la nooSFere...


 Je suis membre d'une association qui bâtit une encyclopédie des littératures de l'imaginaire : science-fiction, fantastique, fantaisy, BD, tout, quoi. Pour ceux qui ne connaissent pas, elle s'appelle nooSFere.
 Hors, en marge de ce travail pyramidesque, car il s'agit d'une pyramide en train de se bâtir, où des esclaves apportent les pierres à la main : non seulement, on cotise, mais on est censé apporter sa part de travail, dites « Les petites mains » et on se met l'ego dans la poche, car ça gêne pour travailler (:-). Et puis, faut bien le dire, ça ne me fait pas tant de mal que ça.
En toute sincérité, j'aime à peu près autant les encyclopédies qu'elles m'effrayent, c'est-à-dire que je suis tout le temps à m'y référer, Wikipédia, nooSFere, et à chaque fois que je m'approche trop, je tombe sur des gardiens qui me signifient que j'ai oublié d'ôter mes chaussures, ça m'est arrivé sur Wikipedia. A chaque fois, que je démontrais à mon contradicteur qu'il avait tort, il me rétorquait (j'étais éditeur à l'époque) que je faisais ça par mercantilisme (alors que lui, probablement étudiant, était un Bene-script véritable !). Il a failli me dégoûter de Wikipedia et depuis, je fuis les wikiprêtres, dont l'étroitesse d'idée me stupéfie et si je me consacre à un article, je me fais le plus discret possible, truffant l'article de références, ce qui le rend moins visible, fuyant les polémiques... Beaucoup de censeurs chez Wikipedia, et, paradoxalement, cette vaste encyclopédie recèle des trous étonnants : l'article « doute » était une misère de la pensée, l'article « Loi du plus fort » avait été réduit à rien par un ultra-libéral... Wiki comporte des articles dont la nature encyclopédique ne souffre aucun doute, d'une pauvreté affligeante. Qui reprendra l'article « Philosophie naturelle » ? Fin de la parenthèse.
 Hier, j'ai profité d'un après-midi oisif, pour me lancer dans l'inventaire des sites d'auteur et d'adhérent. Il s'agit d'une section marginale de la nooSFere, avec des sites dédiés à un auteur ou un thème de science-fiction (science-fiction qui fut le point de départ de l'encyclopédie). A l'inverse exacte de la pyramide bien alignée qu'est la nooSFere (tenue souvent par des bibliophiles, des fans, et j'imagine les étagères bien rangées de leur bibliothèque, avec les collections bien séparées les unes des autres, je ne sais pas le faire, mais quand je le vois chez autrui, je trouve ça beau !) : les sites sont de conception libre, donc désordonnés, donc anarchiques...
Au matin, mon idée me semblait lumineuse, étendre les champs d'auteur pour donner un peu d'humanité aux fiches assez froides de l'encyclopédie. Il y a de tout dans les sites : apparemment, l'auteur crée un site dans un moment d'euphorie, l'entretient scrupuleusement deux ou trois ans, puis il s'y rend de manière épisodique, puis les épisodes se raréfient, et il laisse tomber. C'est devenu un musée de la mode sur Internet, depuis la page perso sur orange (j'en ai eu une moi, aussi ! qu'est-ce que ça a vite vieilli, ces trucs modernes), jusqu'au labyrinthe conçu comme un jeu de l'oie, et où l'on ne peut que se perdre : en conjectures, en pestant quand on cherche des informations claires, et en reconnaissant la nature artistique du dédale imaginé par Mr Kloetzer, certains voient en Internet un agréable moyen de se perdre...
Il semblerait qu'il y ait eu un tremblement de terre informatique vers 2008-2009, si j'en crois les dernières mises à jour : la majorité des auteurs ont cessé d'entretenir leur site, plus d'actualité, plus de livres, bibliographies non mises à jour, photos datées, mises en pages datées, c'est un bazar de plus en plus indescriptible au fur et à mesure qu'on l'explore, à tel point qu'il m'est arrivé de retourner dans le monde bien ordonné mais un peu froid, de l'encyclopédie afin de me rassurer, sa constance réchauffe, au fond.
 Je reviens de cette visite, les poumons encrassés et les vêtements couverts de poussière après avoir passé l'après-midi dans le grenier de la nooSFere, en tout cas c'est l'impression que j'en retire : les sites d'auteurs et d'adhérents, c'est un grenier, une brocante hétéroclite, sympathique, très sympathique même par son exhubérance. A moment de la création, l'auteur a voulu révolutionner la mise en page sur Internet, c'est quasiment une règle :-) Mon idée d'origine — essayer de mettre un peu d'ordre et de lumière — me semble quasi idéaliste... Par contre, ça a déjà pris du charme, une patine, de ces choses qu'on a connu quotidiennes et qui sont tombées au rebut, un peu comme une brocante en plein air, et puis il y a des perles, comme ces sites de Caza, de J.-C. Mézières bourrés de dessins, bien tenus, ou celui du défunt Roland C. Wagner, un des rares à présenter des incunables : de la musique rock, de son groupe, très rare !


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