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jeudi 31 janvier 2013

Défense de la langue (Joachim du Bellay)

Ce que disait Du Bellay, à une époque où le français n'était qu'un langage vulgaire :
A ce propos, je ne puis assez blâmer la sotte arrogance et témérité d'aucuns de notre nation, qui, n'étant rien moins que grecs ou latins, déprisent et rejettent d'un sourcil plus que stoïque toutes choses écrites en français : et ne me puis assez émerveiller de l'étrange opinion d'aucuns savants, qui pensent que notre vulgaire soit incapable de toutes bonnes lettres et érudition : comme si une invention pour le langage seulement devait être jugée bonne ou mauvaise [... ] ... non que je me sente plus clairvoyant en cela, ou autres choses qu'ils ne sont, mais pour ce que l'affection qu'ils portent aux langues étrangères ne permet qu'ils veuillent faire sain et entier jugement de leur vulgaire... (Défense et illustration de la langue françoise) 
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 Remplacer le latin et le grec, par l'anglais et l'américain est un exercice amusant, bien qu'il s'agisse là plutôt de s'enivrer non pas avec la nostalgie du passé mais avec le parfum entêtant de nos envahisseurs préférés : What did you say ?
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 A Paris, dans les salons, littéraire ou automobile, le français semble banal  : « Je t'aîme » disait Arletty, c'est nul, alors que « I love you », ça semble plus profond... Souvent, j'entends des chanteurs, dont le français est la langue maternelle expliquer au micro qu'ils préfèrent écrire leurs chansons en anglais parce que « Ça sonne vrai », et si je les écoute attentivement — pendant l'interview —, je me demande alors pourquoi ils n'essayent pas d'approfondir leur propre langue qu'ils n'ont au moins pas l'illusion de maîtriser.


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