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dimanche 20 avril 2014

Excursion au village (René CHAR)

     Orion,
     Pigmenté d'infini et de soif terrestre,
     N'épointant plus sa flèche à la faucille ancienne,
     Les traits noircis par le fer calciné,
     Le pied toujours prompt à éviter la faille,
     Se plut avec nous
     Et resta.
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     Chuchotement parmi les étoiles.
« Aromates chasseurs » - René Char (1907-1988)
De René Char, je ne sais rien !:-) et je me suis contraint, ce matin, d'aller lire sa fiche dans l'encyclopédie : il fut donc surréaliste au moment où Queneau, Prévert et Desnos s'en allait. Sa poésie est concise, cosmique et laisse une saveur âpre sous la langue. Ce n'est pas à lui que je pense en premier quand je parle de poésie, et j'ai tort, ce poème en forme d'Haïku le démontre abondamment. Aromates chasseurs fut publié en 1976, au crépuscule de sa vie... Un autre pour la route ?
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EXCURSION AU VILLAGE
Orion s'éprend
de la Polaire
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     Les amants sont inventifs dans l'inégalité ailée qui les recueille sur le matin.
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     Il faut cesser de parler aux décombres.
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     Une écriture d'échouage. Celle à laquelle on m'oppose aujourd'hui. Paysage répété au sommet de la nuit sur qui se lève une lueur. 
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     La brûlure du bruit. Louée soit la neige qui parvient à en éteindre la cuisson.
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     Les femmes sont amoureuses et les hommes sont solitaires. Ils se volent mutuellement la solitude et l'amour.
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     Toi qui nais appartiens à l'éclair. Tu seras pierre d'éclair aussi longtemps que l'orage empruntera ton lit pour s'enfuir.
     Y a-t-il vraiment une plus grande distance entre nous et notre poussière finale qu'entre l'étoile intraitable et le regard vivant qui l'a tenue un instant sans s'y blesser ?
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     ... Nicolas de Staël, nous laissant entrevoir son bateau imprécis et bleu, repartit pour les mers froides, celles dont il s'était approché, enfant de l'étoile polaire.
Nicolas de Staël (1904-1955), russe d'origine, peintre qu'admirait René Char, s'est suicidé à 41 ans en se jetant par la fenêtre de son atelier.

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