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jeudi 3 juillet 2014

Capturer un astéroïde (les projets de la NASA)

La NASA a récemment présenté une liste de projets qu'elle soutenait, mais un seul d'entre eux a focalisé l'intérêt des média, comme Le Monde ou les grands journaux télévisés, car l'idée est spectaculaire : pour les autres projets, le mieux est de consulter l'article que leur a consacré Air et Cosmos.
De quoi s'agit-il ? Des missions pour lesquelles la NASA vient d'attribuer un budget d'études pour l'année 2014, douze projets ont reçu chacun 100 000$. Plusieurs émanent de centres directement reliés à la NASA, comme le Jet Propulsion Laboratory de l'université Caltech de Pasadena : la conception d'un drône pour explorer l'atmosphère de Titan, visualiser les grottes lunaires à l'aide d'une nouvelle méthode d'analyse de la lumière, ou l'utilisation de harpons qui seraient lancés sur des astéroïdes afin d'utiliser leur énergie cinétique, un sous-marin pour explorer les lacs de Titan... Les idées sont exotiques, mais rien à côté du plus spectaculaire :
Développé par une entreprise privée, Tethers Unlimited, il propose de capturer un astéroïde, et de le placer dans une orbite facilement accessible afin de l'étudier. L'idée est séduisante :
  1. Repérer un astéroïde convenable : pas trop gros, (mais accessible par l'astronomie), pas trop oblong, pas trop en rotation sur lui-même... Au stade de nos connaissances : une perle rare. 
  2. Équiper la capsule Orion, actuellement en développement, d'un grand filet — une membrane — capable de se déployer et d'enrober l'astéroïde cible.
  3. Propulser l'astéroïde sur une orbite accessible : soit à un point de Lagrange (où un objet orbite de manière immobile par rapport à l'orbite de la Terre autour du soleil), soit sur une orbite stable autour de la Lune.
  4. Envoyer des astronautes sur cet astéroïde afin de l'étudier.
  5. Enfin, amorcer des études de sécurité, sur la meilleure manière de contrôler un objet céleste qui menacerait de percuter la Terre.
Remarque première : ce projet obligera ses participants à développer un vaisseau capable de se propulser dans l'espace, et d'effectuer des allers et retours autour de l'orbite terrestre, donc avec une autonomie plus importante que ce qui est aujourd'hui possible. 
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 Sur le site du monde, un journaliste, Pierre Barthélémy, dans son blog, Passeur de sciences, détaille les oppositions que ce projet, parmi les douze, suscite. La principale accusation vient de ce que la NASA profite de cette annonce pour réaliser une opération de lobbying pour un projet qui concurrence celui du « lobby martien ».
 D'autres reprochent au projet sa faisabilité : trouver un astéroïde répondant à ces spécifications sera un exploit, développer le filet aussi, et les études de sécurité nécessiteront au fond un investissement beaucoup plus lourd, à long terme : reproches mineurs.
 Surtout, ce projet s'oppose de manière frontale au désir d'une part importante de la communauté spatiale de lancer la colonisation de Mars, défendue, par exemple, par le  deuxième astronaute à avoir marché sur la Lune, Buzz Aldrin.
 Le lobby martien, puisqu'il faut bien le nommer, entend envoyer au plus vite une mission habitée vers Mars, soit un voyage de six mois à l'aller, deux années terrestres de vie sur place en attendant le contexte favorable du retour sur terre, toujours en six mois. Une version intermédiaire, développée par le milliardaire Dennis Tito défend le principe d'un voyage aller-retour d'un module habité vers Mars, qui se contenterait de quelques orbites autour de la planète rouge. (donc une année de voyage en totale autonomie...)
 Or, le président Barack Obama a nettement exprimé sa préférence pour cette idée de capture d'un astéroïde, moins prestigieuse, mais riche de développements ultérieurs. Monter une marche à la fois, plutôt que de sauter l'escalier d'un seul coup. 
 Deux projets de cette envergure peuvent difficilement co-exister. Ce qui sous-tend le projet de capture d'astéroïde, tient dans le développement et le test de technologies progressives et la possibilité d'explorer des champs de recherche nouveau... Derrière ce projet, il n'y a pas un mais plusieurs champs de recherches qui s'ouvriront. De plus, il obligera à :
  1. Développer un moteur avec une propulsion satisfaisante. Un voyage vers Mars, nécessite une propulsion qui réduira la durée des voyages : trois mois, ou un, au lieu de six, mais le vaisseau capable de cette prouesse devra pouvoir accélérer et freiner.
  2. Explorer la banlieue de la Terre, et notamment les objets célestes qui croisent son orbite. Dans les années soixante, les astronomes estimaient leur nombre à une centaine. Or, des études récentes montrent qu'environ 9000 astéroïdes orbitent dans le même plan que la Terre : certains sont menaçants, et la tentation est grande d'aller étudier ces objets relativement proches : au-delà d'une simple orbite lunaire, mais à une distance inférieure à ce que nécessitera un voyage martien. Le bac à sable semble suffisamment grand pour pouvoir s'y amuser (toute l'orbite terrestre et sa banlieue, c'est grand).
 Aujourd'hui, il faut six à huit ans à une sonde d'exploration pour atteindre Jupiter, six mois pour une sonde martienne, c'est trop, beaucoup trop, et les voyages interplanétaires, pour se métamorphoser en réalité nécessitent ce qu'ont été en leur temps la Pinta et la Nina pour Christophe Colomb : des navires capables de traverser les océans, de résister au gros temps et de se propulser à la force du vent... Sans ces moyens, il est à craindre qu'aucun projet ne soit en mesure d'aboutir... d'où l'intérêt de ces météorites.
 La Lune a été, il y a quarante ans, un objectif absolu : l'objectif lunaire a été un vecteur de progrès formidable, mais il a terminé en fiasco, dernière mission en 1972, l'odyssée d'Apollo 13, et l'arrêt de l'exploration lunaire.
 Donc, à l'inverse du lobby martien, j'aimerais soutenir — moralement :-) c'est l'unique objet de ce blog — un projet, qui ouvre les possibilités, et qui ne contraint pas le développement du spatial dans une direction unique. Ouvrons la chasse aux astéroïdes !

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