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dimanche 21 septembre 2014

Lamentations d'un Vagabond (John Boyd)

Lamentations d'un Vagabond
des espaces stellaires cloué au sol
-
On pourrait tracer notre cours à travers la Voie Lactée
Grâce à notre éclatant sillage de lumière,
Mais nous fûmes rappelés sur Terre alors que nous dirigions 
                         notre nef vers les franges de la Petite Ourse.
(Les Parques s'étaient emparées, disait-on, 
Du fil de la galaxie
Pour tisser un somptueux dessin
Sur le métier du destin.)
Uranus avait été pour notre vaisseau-dragon, les colonnes d'Hercule,
Et l'éclat d'Orion, le phare
Qui nous avait conduits vers les Pléiades.
Où Mérope, voilée et solitaire, pleure
Et scrute les cieux en vain
Dans l'espoir de voir revenir ces mortels qu'elle aima
Espoir toujours déçu.
Vous errez, mais un jour vous chevaucherez la lumière
Et tiendrez d'une main ferme le gouvernail
Cependant la tristesse s'abattra sur beaucoup et la folie sur certains,
Car rares sont ceux qui supportent le vide des espaces sidéraux
Mais, ô Dieu, si je le pouvais
Je lancerais à nouveau mon vaisseau dans le vide
Car les parques se sont emparées de mes étoiles
Pour m'en tisser un suaire.
 John Boyd, Boyd Bradfield Upchurch de son vrain nom, est resté un écrivain discret, pourtant sa science-fiction, nourrie de classicisme, d'amours, et des catastrophes ou des étranges chemins que peut suivre la reproduction, qu'elle soit humaine ou bien, parfois, extraterrestre est puissamment originale.
  Pour la question humaine, lisez « Le gêne maudit » et son imparable catastrophe, pour les extraterrestres, allez plutôt voir du côté de « La Planète fleur »).
  Nous voilà loin des guerres, loin du fracas des armes, loin de la violence magnifiée, et l'écrivain prend son temps pour développer des enquêtes minutieuses. Ici, souvent, la violence sociale, l'insidieuse, la plus courante se place au centre, cernée par les ambitions, les institutions qui marginalisent, condamnent, excluent et John Boyd ne sépare pas la littérature d'un certain humanisme... Raconter des histoires qui élèvent l'âme, et qui rendent perplexes... Parfois la fin est un tantinet optimiste, mais il a surtout écrit dans les années soixante et dans l'espoir de libération sexuelle qui souleva les cœurs... (« Dernier vaisseau pour l'enfer »).
 Rien d'étonnant donc, de trouver dans un de ses romans, un étudiant qui, par amour, découvre la poésie, romantique anglaise, puis l'œuvre d'un personnage fictif, un grand ancêtre, Fairweather, qui fut mathématicien, comme le héros, et poète, comme la jeune femme dont il est tombé amoureux, et dont vous venez de lire l'œuvre supposée, la poésie est si rare en science-fiction, qu'elle méritait d'être célébrée.

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