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vendredi 24 octobre 2014

Pour un salon littéraire à Orléans

 Le Loiret est-il un parent pauvre de la littérature ? Orléans est-elle un no man's land littéraire ? On pourrait parfois le penser, pourtant beaucoup d'auteurs habitent l'Orléanais et — paradoxe — on invoque sans fin l'esprit des disparus et des martyrs dans une juste litanie : Maurice Genevoix, Max Jacob, Jean Zay, Alain-Fournier (qui n'est pas né bien loin), Villon qui croupit dans les cachots du château de Meung-sur-Loire : 
… d’une petite miche
Et de froide eau tout un été
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 Déjà les magistrats d'Orléans se méfiaient de la littérature ! Si les élus n'y prennent pas garde, il se pourrait qu'on se souvienne mieux de leurs arrêtés que de leurs initiatives culturelles...
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  Ici, une pucelle qui y vécut à peine quatre jours, là, des gréements disparus, et enfin de pauvres écrivains statufiés malgré eux sur qui les beaux esprits centralisent l'attention. La danse possède un centre, le théâtre a de belles salles subventionnées et la musique, un institut, un orchestre et même un concert de piano international. La bourgeoisie orléanaise donne à penser qu'elle se complaît dans le miroir de formes artistiques élitistes...
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 Soutenu par les mairies et par le conseil général du Loiret, le sport est sans doute l'enfant chéri des orléanais : basket-ball, hand-ball, football, judo, tennis... En tant qu'orléanais, je suis fier de la réussite des clubs de l'agglomération  et admiratif de leurs performances. J'aime le sport, mais je conçois mal le sport sans une culture tout aussi exigeante, celle du mot, de l'histoire, du style qui s'enfuit à chaque fois qu'on l'approche — et je me souviens d'un certain Joël Bats qui pratiquait la poésie à ses heures perdues...
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 Hors du cercle de science-fiction dont je suis membre, lorsque je parle littérature à Orléans, je me sens solitaire, sauf dans une librairie où j'ai toujours été bien accueilli, la Librairie Nouvelle d'Orléans, qui accueille avec plaisir les écrivains. Une pensée pour France Bleu Orléans, aussi, qui sait recevoir... ou au dévouement des bibliothécaires de l'agglo : Orléans, Saint-Jean de Braye, Saint-Jean de la Ruelle, Saran, Fleury-les-Aubrais... Oasis littéraires bienvenues avec leurs fidèles ambassadrices.
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 En 2003, il y eut une manifestation consacrée au polar, organisée dans le hall de l'ancienne gare d'Orléans... mais sans lendemain. Dans les années 2000, une éditrice a tenté de s'associer à une organisation de femmes, mais leur initiative manquait de feu, du sincère désir de faire rayonner le salon et elle souffrait d'une main-mise excessive. Un salon ne peut être qu'une œuvre collective, mais il faut quelqu'un pour lui donner l'impulsion initiale.
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À trente kilomètres d'ici, nous avons pourtant un magnifique exemple àavec le salon du Livre pour la Jeunesse de Beaugency, organisé par l'association Val-de-Lire, dont les organisatrices ont su à la fois :
1°) S'associer à des libraires,
2°) S'associer à des écoles 
3°) Inviter des auteurs pour la jeunesse
4°) Faire venir les auteurs dans les écoles, en amont du salon 
 Nonobstant, le salon de Beaugency est devenu un événement considérable qui donne un lustre considérable à cette belle ville : et rien de plus beau que ces enfants traînant leurs parents dans un salon littéraire pour leur présenter « leur » écrivain...
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Un salon littéraire Orléanais pourrait à la fois attirer du monde et des auteurs : Orléans compte de nombreux écrivains, au moins deux librairies indépendantes qui pourraient s'associer à une telle manifestation, et les médiathèques de l'agglomération qui se signalent par leur dynamisme et leur ouverture gagneraient à être au cœur d'une manifestation. Peut-être France Bleu Loiret s'amuserait-elle à y participer ?
 Il y a fort à parier suffirait qu'une mairie (de l'agglomération, avec modestie) se lançant dans l'aventure bénéficierait de nombreux atouts pour donner à Orléans un rayonnement littéraire attractif.

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