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vendredi 8 mai 2015

Blue Origin crée une fusée

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Retour sur une actualité récente : le 30 avril, la société Blue Origin a procédé au lancement d'une capsule inhabitée : propulsée par un nouveau moteur, le BE-3, développé par la société Blue Origin, la capsule s'est élevée jusqu'à une altitude de 93,5 km, approchant de près la frontière symbolique des 100 km d'altitude. Le vol s'est parfaitement déroulé, et la capsule est retombée en douceur, en sustentation sur trois parachutes.
Seul bémol, l'unique étage de la fusée, qui est conçu pour être ré-utilisé, n'a pu atterrir dans de bonnes conditions et s'est crashé. Mais le moteur a parfaitement fonctionné pendant la phase d'envol. 
Il faut rappeler que Blue Origin, basée au Texas, a été créée par Jeff Bezos le fondateur d'Amazon, dans le but avoué de réaliser un système capable de proposer du tourisme spatial.
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En fait, du point de vue de la communication, cette vidéo semble promettre ce tourisme pour demain, pourquoi pas, après tout, je fais partie de ceux que cette idée excite. En même temps, le tourisme spatial ne peut pas être un but en soi, pour qui s'intéresse à l'espace... les perspectives sont trop éloignées : dès lors, s'agit-il d'une opération de communication, une mise en scène coûteuse d'un projet sans fondement ?
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Du point de vue de la navette, peut-être, mais, si vous regardez plus attentivement le propulseur, ce réservoir trapu, assez peu élégant, mais assez puissant pour emporter d'une traite une navette à 100 km de hauteur... Il répond au nom peu poétique de BE-3, et, en brûlant un mélange d'hydrogène et d'oxygène liquides, la société Blue-Origin, sur son site explique qu'il produit une poussée de 50 tonnes, et qu'il équipera les futures fusées Vulcan développées par United Launch Alliance (ULA) : c'est-à-dire un consortium réunissant deux géants de l'espace : Lockheed Martin et Boeing... 
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Développée par ULA, la fusée Vulcan est destinée à remplacer les deux précédentes fusées que celle-ci produit actuellement : les fusées Atlas et les fusées Delta (soit 2 lancements sur 3 de la NASA, grosso modo). Si le tourisme spatial est un de ses objectifs, la société Blue Origin nous apprend qu'elle a également passé une alliance avec deux sociétés majeures du Spatial, et qu'elle s'est engagée dans un secteur clef : la conception de nouveaux moteurs de fusée, secteur clef et qui n'avait pas quasiment pas évolué depuis trente ans. Actuellement, l'astronautique américaine s'appuie, pour le premier étage de ses fusées sur des moteurs russes, le RD-180... d'une grande fiabilité, mais relevant d'une technologie de l'ère soviétique...
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Se dessine alors une perspective bien plus large que le tourisme spatial. Dans un contexte de tensions croissantes avec la Russie, les U.S.A. et la NASA mettent les bouchées doubles pour retrouver leur indépendance en matière de spatial : rappelons que la station spatiale internationale est majoritairement alimentée par des vaisseaux russes PROGRESS, et que les équipages sont relayés par des vaisseaux SOYOUZ. Cette perspective devient vite un enfer quand la Russie exerce un chantage sur les U.S.A. et leur interdit de venir soutenir l'Ukraine en pleine révolution...
Donc, outre que nous apprenons que les fusées américaines fonctionnaient avec un premier étage russe et que le chantage des russes en matière de spatial a montré le danger de la dépendance des U.S.A. et qu'il y avait des économies qui pouvaient coûter fort cher, quand celui dont on dépend a décidé une guerre de conquêtes...
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Pour le ravitaillement de la station spatiale internationale, les U.S.A. ont fait appel à court terme au Japon et à l'Europe, avant de devenir capable de sous-traiter celui-ci à des sociétés purement américaines : Space-X, avec son cargo Dragon, et Orbital-Sciences avec le vaisseau Cygnus, sont désormais capables d'alimenter la station spatiale.
Pour le renouvellement des équipages, les USA et la NASA financent le développement de deux navettes : la navette Dragon, de Space-X, à nouveau (elle vient d'être testée), et la navette CST-100... développée par Boeing... C'est ici, que prend place comme une brique de Légo dans une fort jolie construction, un projet industriel à long terme : le moteur BE-3, puis son successeur le BE-4, seront amenés à propulser, à court terme, désormais qu'il a fait la preuve de sa fiabilité, le premier étage des fusées d'United Launch Alliance, et à participer à la vie présente et future de la Station Spatiale Internationale... et là, on peut parler d'un développement industriel, cohérent, et plein d'avenir : vive le New Shepard, donc ! 

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