LUCETTE
-
Je la vois avec une robe bleue,
tranquille au seuil de la grande forêt
des rouges-gorges et des hochequeues.
Elle ne dit mot car son cœur est prêt,
*
et son nom est lumière en plein silence
Des oiseaux pour elle ont chanté la nuit
deux ans de suite à Noël, la naissance
de cet Astre nouveau dont le feu luit
*
dessous les bois et dessus les clairières.
Ils ont chanté pendant qu'elle se tait,
les larmes étant la seule prière
de son âme que le ciel enchantait.
*
Avec sa robe bleue et les mains jointes,
elle est au bord de la grande forêt
dont les sapins ont la croix à leurs pointes.
*
Et Dieu habite dans son cœur secret.
-
Je la vois avec une robe bleue,
tranquille au seuil de la grande forêt
des rouges-gorges et des hochequeues.
Elle ne dit mot car son cœur est prêt,
*
et son nom est lumière en plein silence
Des oiseaux pour elle ont chanté la nuit
deux ans de suite à Noël, la naissance
de cet Astre nouveau dont le feu luit
*
dessous les bois et dessus les clairières.
Ils ont chanté pendant qu'elle se tait,
les larmes étant la seule prière
de son âme que le ciel enchantait.
*
Avec sa robe bleue et les mains jointes,
elle est au bord de la grande forêt
dont les sapins ont la croix à leurs pointes.
*
Et Dieu habite dans son cœur secret.
Alliette Audra (1897-1962) est une poète bien oubliée. La preuve ? Je viens de créer sa fiche sur Wikipedia. Pourtant, elle fut l'amie du poète Francis Jammes, elle traduisit des poèmes d'Elizabeth Browning et de William Butler Yeats. Lucette est issue du recueil « Ce que disent les souffles » paru en 1949, et récompensé par l'Académie française en 1956. J'ignorais tout d'elle il y a peu ; peut-être cet oubli est-il à rapprocher de sa foi sincère et profonde ? En France, pays où les intellectuels athées ont beaucoup d'influence, on n'aime guère les écrits trop religieux, et pourtant dans les poèmes d'Audra, il y a l'amour des choses et des actes, un talent visuel et un pouvoir d'évocation surprenant :
LE VERRE DE BOHÊME
-
Quelque part dans le vieux monde
autour d'une table ronde,
dans un verre de Bohême
j'ai bu à celui que j'aime
*
Des gens au regard usé
qui buvaient pour s'amuser
se racontaient des histoires
dont la gaieté semblait noire.
*
Et puis ils brisaient leurs verres,
en prenaient d'autres qu'à terre
ils jetaient aussi bientôt.
Je tremblais sous mon manteau
*
d'être parmi ces convives.
Mais ne faut-il pas qu'on vive,
autour d'une table ronde,
quelque part dans le vieux monde ?
*
Deux chiffres entrelacés
au cœur du verre placés,
inscrivaient le nom que j'aime
dans ce cristal de Bohême.
*
Mes doigts l'effleuraient à peine.
Le calice de la Cène
me revenait à l'esprit,
comme si j'avais compris
*
que toute chose est un signe
dont il faut se trouver digne :
Car ce verre était mon âme,
et le vin sanglant la flamme
*
aux reflets de diamant,
d'un éternel sentiment.
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'aimerais entrer en contact avec l'auteur de cet article qu sujet de la poétesse Alliette Audra.
Avec remerciements,
Mireille Newman Jammes