L'heure de ma mort, depuis dix-huit mois,
De tous les côtés sonne à mes oreilles.
Depuis dix-huit mois d'ennuis et de veilles,
Partout je la sens, partout je la vois.
Plus je me débats contre ma misère,
Plus s'éveille en moi l'instinct du malheur ;
Et, dès que je veux faire un pas sur terre,
Je sens tout à coup s'arrêter mon cœur.
Ma force à lutter s'use et se prodigue.
Jusqu'à mon repos, tout est un combat ;
Et comme un coursier brisé de fatigue,
Mon courage éteint chancelle et s'abat.
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Alfred de MUSSET (1810-1857)
Ce n'est pas bien gai, je l'avoue, mais ce sont les derniers vers de ce grand poète. On connaît mieux peut-être son théâtre, Les Caprices de Marianne, Lorenzaccio. Il vécut de manière ardente et brève : ses biographes lui accordent de l'alcoolisme, une vie dite de « débauches » (et peut-être la syphillis) et quelques uns des plus grands poèmes de la langue française.
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