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mercredi 11 juin 2025

La petite école dans la montagne (Michel Jeury)

Pour un fan de science-fiction, c'est un peu un gag, mais dans l'œuvre de Michel Jeury, j'avoue ne pas trop goûter ses écrits de science-fiction.

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Par contre, j'ai découvert il y a quelques années ce qu'on appelle ses romans paysans (le dire avec tout le dédain d'un fan déçu). Le premier, c'était la Classe du brevet qui m'a redonné goût à la poésie toute une année (et qui me fit découvrir le Merle de Théophile Gautier).

Ces romans sont plutôt une exploration au pays des invisibles. L'écriture savoureuse est d'une grande précision et sensible. Je viens de finir La petite école dans la montagne où est évoqué le souvenir de ces instits qui firent la grandeur de la IIIe République et le petit Collinet, personnage énigmatique mais pas sans malice, fait immanquablement penser à une sorte de signature de l'auteur...

En particulier, il évoque les débats qui agitaient ce monde d'enseignants passionnés...

jeudi 29 mai 2025

Hakuto-R M2 Resilience

J'avoue un léger ennui pour ces stars ou ce millionnaire qui ont fait un petit tour dans l'espace. Il me revient ce vers de Corneille : À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

– Hakuto prépare des moshi –

Je découvre tardivement la mission Hakuto-R dite Resilience, beaucoup plus discrète. Développée par la société japonaise IspaceHakuto-R (lapin) a été imaginée pour le Google Lunar X-Prize, dont l'objet était de développer un engin capable de se poser sur la Lune, concours clos en 2018 sans que personne ne l'ait remporté.

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La société japonaise a poursuivi le travail et défini un atterrisseur nommé Hakuto en l'honneur du lapin blanc mythique censé vivre sur la Lune, le lapin blanc est une figure populaire au Japon, celui-ci vit sur la Lune... où il préparerait des moshi... Cette mission comporte actuellement deux atterrisseurs : le premier s'est crashé en 2023.

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Une seconde mission a été mise sur pied, identique à la première, et c'est celle qui nous intéresse, elle s'appelle : Hakuto-R M2 Resilience, lancé le 15 janvier 2025, par une fusée américaine, elle partageait la cabine avec un autre atterrisseur, américain, celui-là et qui s'est posé beaucoup plus vite.

Les deux missions suivent les mêmes types de trajectoire : à savoir une ellipse de plus en plus allongée et éloignée jusqu'à passer dans une orbite de transfert passant de l'attraction terrestre à celle de la Lune. Blue Ghost mission 1 s'est posée avec succès le 2 mars, alors que Resilience a choisi un chemin plus long, une trajectoire à basse énergie, différente des orbites de Hohmann, et qui permet une grande économie...

L'atterrissage est prévu le 5 juin : pour l'instant, il est inséré en orbite Lunaire depuis le 6 mai.


Il doit atterrir dans la mer du froid. (en bas au centre)



Petit plus européen : la mission comporte un tout petit rover (5kg, 31 cm de large et 54 cm de long), conçu au Luxembourg qui a pour nom : Tenacious.
- © remerciements à  Ispace pour sa courtoisie –
– vue depuis l'orbite lunaire –
Hélas, le petit voyageur semble s'être scrashé lors de l'atterrissage : la cause en serait des erreurs de télémétrie, tout contact a été rompu... C'est dommage, j'aurais bien aimé avoir des images du petit rover en action.
Atterrir sur la Lune semble être aussi compliqué que certain président U.S. à tenir ses fanfaronnades... Et il semble pour l'instant que les seules personnes sérieuses en matière de mission contrôlée soient chinoises. Ça ne va pas me donner foi dans le parti tout puissant, mais surtout me suggérer que les promesses des capitalistes ne sont que du vent et des économies qui coûtent chers : imaginons qu'ils envoient des humains avec les mêmes outils...

mercredi 28 mai 2025

Interview de Pierre Viguié

 
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Vous semblez avoir beaucoup évolué professionnellement, pouvez-vous nous décrire, succinctement votre parcours ?

Après mon baccalauréat, j’ai obtenu un diplôme universitaire d’informatique de gestion et travaillé aussitôt dans une banque comme analyste programmeur. J’étais parti pour une carrière tranquille dans un bureau, mais mes aspirations existentielles et artistiques étaient ailleurs, et ce bien avant.

Dès 16 ans, je réalisais des bandes dessinées et jouais de la guitare basse électrique en autodidacte, mon milieu familial ne pouvant m’offrir des cours particuliers, et il n’y avait ni conservatoire ni cours de dessin à proximité.

En 1991, jeune adulte indépendant de 25 ans, je me dispersais beaucoup dans des modes d’expression assez différents : dessin, théâtre à un niveau semi-professionnel, guitare classique intensive et cinéma d’animation. Tout mon temps libre, dont celui nécessaire à une partie de mon sommeil, était consacré à ces activités dans lesquelles je m’épanouissais, tandis que je me morfondais dans l’informatique. Arrivé à la trentaine, j’ai senti que je ne tiendrais pas longtemps et qu’il me fallait faire un choix.

Coupant la poire en deux, j’ai demandé en 1996 un aménagement à mi-temps, torpillant ainsi une future carrière de cadre supérieur.

Ce gain de temps libre m’offrait la possibilité d’une reconversion dans un de mes hobbies. Celui qui, concrètement, était le plus pérenne financièrement concernait la musique, en particulier l’enseignement. Après cinq années de conservatoire en classe professionnelle, j’obtins un premier prix de guitare classique en 2002 et j’étais professeur à plein temps en 2005, un travail très plaisant et bien moins chronophage. Je consacre actuellement mon temps libre à la réalisation et à l’écriture.


Qui lisait quoi dans votre entourage dans votre jeunesse ?

Mon entourage familial lisait très peu, mais m’y encourageait. On m’offrait souvent des bandes dessinées et des romans dans le domaine de l’imaginaire, mon préféré.


Quels sont vos premiers souvenirs de lecture ?

Une encyclopédie illustrée de vulgarisation scientifique, pour enfants et jeunes adolescents : Tout l’Univers, en 15 volumes, que j’ai dû lire intégralement une dizaine de fois, en savourant particulièrement les articles traitant de science, surtout l’astronomie.


Quels livres vous tiennent à cœur ?

a) Le premier, celui qui a marqué le début de quelque chose :

Le K de Dino Buzzati : un extraordinaire recueil de nouvelles ou le fantastique surgit au sein du quotidien le plus banal, en portant toujours un message social ou philosophique.


b) Un livre qui est comme un compagnon sur le chemin : 

Une brève histoire du Temps de Stephen Hawking. La vulgarisation scientifique, la cosmologie, l’astrophysique, le Temps, l’Univers et ses lois, ont plus stimulé mon imaginaire que tout ce que j’ai pu lire en science-fiction.


c) Le livre que vous adorez sans avoir jamais osé le dire

XY, de l’identité masculine, essai d’Élisabeth Badinter.


Même question, mais pour le cinéma et la télé, y a-t-il des films, ou des séries qui vous ont marqué ?

Principalement des animés et des films de science-fiction/fantastique, avec une tendresse particulière pour ceux des années 80, avec leurs touchants trucages sans VFX. Les films qui m’ont le plus marqué sont Le voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki et The Shining de Stanley Kubrick. Les deux traitent, entre autres, de l’enfance et de ses traumatismes.


Vous souvenez-vous de votre apprentissage de l’écriture ?

Pendant ma période comédien, j’ai écrit huit pièces de théâtre dans le domaine de l’absurde ou du fantastique, jamais publiées, et quelques nouvelles du même genre. L’écriture de roman m’est venue subitement dans le métro un soir de 2017 alors que le jeu sur mon téléphone m’ennuyait. J’ai commencé sur l’application bloc-note le chapitre d’une histoire de science-fiction qui me trottait dans la tête, et j’ai loupé mon arrêt. Ce roman, L’Erreur était humaine, a été auto-publié en format numérique. C’est mon premier roman, je le considère comme un brouillon, une expérience. Elle fut déterminante. Je ne pouvais que continuer, et j’en suis à mon cinquième. Ce qui ne m’empêche pas, parfois, d’écrire des nouvelles, dont le format plus condensé offre moins de possibilités d’évolution dans la narration, mais permet d’exposer des univers, des personnages ou des idées sans qu’il soit nécessaire de les développer.


Y a-t-il une œuvre de science-fiction qui vous a marqué ?

En premier, loin devant les autres : le film Alien, le 8me passager de Ridley Scott, sorti en 1979.


Et une œuvre ou un musicien ?

Toute la musique de J.-S. Bach. Son œuvre est hors du temps et de l’espace, d’une lumineuse complexité, à mon sens la plus touchante et la plus humaine qui soit.


L’œuvre importante de l’adolescence, littéraire ou autre ?

Buffet froid, film de Bertrand Blier, sorti en 1979, chef d’œuvre absolu mêlant humour noir, cynisme décomplexé et absurde.


Existe-t-il des moments privilégiés pour l’écriture ?

Pour des idées dites « lumineuses », pendant la douche et les trajets en métro. Le travail approfondi se fait généralement le soir jusqu’à très tard.


La musique a une place de premier plan dans votre vie, est-ce qu’elle s’articule avec l’écriture, et comment ?

La musique instrumentale, en particulier le répertoire classique, est un art d’émotion, la chanson et le lyrique mis à part, qui sont des œuvres hybrides mêlant poésie et musique. On ne décrit pas un paysage, ou déroule un dialogue, avec seulement des sons sans paroles.

Pourtant, il existe de nombreux points communs entre l’écriture d’un texte et l’élaboration d’une interprétation instrumentale. On porte le même soin extrême dans le travail de chaque note que dans le choix de chaque mot. Dans les deux modes d’expression, il y a du phrasé, une articulation, des moments de tension et d’apaisement, des chapitres distincts, une narration globale, une évolution du propos, et bien sûr, un rythme.


Vous vous êtes lancé directement dans un roman, qu’est-ce qui a déterminé ce choix ? Vous intéressez-vous à la nouvelle ?

J’ai commencé, il y a longtemps, par des nouvelles, toutes inspirées du fantastique au quotidien comme celles de Dino Buzzati, excepté la dernière, de science-fiction, qui a été publiée dans l’anthologie Alienation aux éditions Portejoie. L’envie du roman m’est venue car j’avais en tête une histoire avec beaucoup trop d’éléments et d’évolution dans la narration pour que tout soit exposé dans une nouvelle.


Les rapports avec vos professeurs occupent une place centrale dans vos écrits, pouvez-vous nous en dire un mot ? Notamment de ces enseignants incontournables qu’il nous arrive tous de vivre comme un travail (d’Hercule) nécessaire ?

Je suis enseignant en musique, mais également élève en piano. La musique me fascine car elle communique des émotions et procure un plaisir indicible que la science même n’explique pas. Par ailleurs, j’aime transmettre. Le rapport prof/élève est complexe, fertile et très stimulant. C’est bien plus que de l’enseignement. C’est un partage et un échange autour d’une passion commune.


En matière d’imaginaire, avez-vous d’autres genres que la Science-fiction que vous souhaiteriez traiter : fantasy, fantastique, autre ?

Principalement le fantastique, surtout lié au thriller, sans aller jusqu’à l’horreur gore, un genre que je n’apprécie pas. La hard science-fiction et l’anticipation, qui me passionnent également, sont en deuxième plan. Je ne suis pas particulièrement attiré par la fantasy.


Vous vous consacrez au stop motion, le cinéma animé à base de figures en trois dimensions, pouvez-vous nous parler des vidéos de Dr Suture ?

Après une dizaine de films stop-motion, fantastiques et/ou burlesques, réalisés à partir des années 90 en super 8, puis 16 mm, puis en numérique avec Franck Rekai, un ami de longue date ; nous avons réalisé quatre épisodes d’une série humoristique et absurde narrant les consultations d’un petit docteur soignant des maladies dites « improbables ». Ce format brise perpétuellement le quatrième mur en faisant entrer le réalisateur, donc moi-même, dans l’histoire, tout comme le faisait Marcel Gotlib dans certaines de ses bandes dessinées. Par la suite, j’ai continué la série seul sur plus de 50 épisodes. YouTube ne me sert que de plateforme de diffusion. Je ne suis pas Youtubeur. Je ne peux pas, et ne cherche pas, à fournir l’énorme quantité de contenu qu’exige cette activité. Ma chaîne ne compte que quelques milliers d’abonnés.


Pouvez-vous parler de votre grand projet de cinéma ?

J’avais interrompu Docteur Suture en 2020 par lassitude et manque d’inspiration, pour me consacrer pleinement à l’écriture. Ma première publication dans l’anthologie Aliénation des éditions Portejoie propose, pour chaque nouvelle, une illustration, une musique et un court-métrage. Ça m’a donné l’occasion de me remettre à la réalisation. Le plaisir est revenu, avec la motivation, avec bien plus d’intensité.

Est née alors l’idée d’un projet qui paraît de prime abord démesuré : réaliser un long-métrage à partir de mon troisième roman, non publié. Je m’y suis attelé en mai 2024. La tâche est colossale, mais incroyablement stimulante, bien plus que je m’y attendais.

C’est une auto-production que je réalise principalement en solitaire, tant la technique du stop-motion, éloignée de celle en prise de vue réelle, est ultra spécialisée et diversifiée. Je suis donc un réalisateur indépendant, qui travaille au fil des jours dans son coin, tels – comparaisons ô combien audacieuses ! – Phil Tippett pour Mad God, ou Takahide Hori pour Junk Head, ou même David Lynch pour Eraser Head. Je suis aidé par des amis fiables, fidèles et très proches pour la musique, des illustrations et les doublages.

Actuellement, le film est achevé au tiers ; et la réalisation complète, à la moitié. J’espère terminer ce projet début 2026 et je cherche d’ores et déjà les moyens de sa diffusion.


Pierre VIGUIÉ

mercredi 14 mai 2025

Pister une neuvième planète

 

– © Tomruen, wikipedia CC-PAR-SA-4.0 travail personnel –

Depuis plusieurs années, des irrégularités dans l'orbite d'objets de la ceinture de Kuiper, suggèrent qu'elles pourraient être causées par une planète massive.

– © Caltech Institue of Californie –
Or, une étude récente parue dans Arxiv a comparé deux images prises en infra-rouge à 23 ans de distance : il s'agit de deux satellites observant le ciel dans l'infra-rouge, IRAS et AKARI. En comparant, dans la zone déterminée, ils ont trouvé un point en déplacement suffisant pour relancer, a minima, la question de la nature de cet objet.
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© IRAS et AKARI comparées –
Si l'hypothèse était vérifiée, l'objet aurait approximativement la taille de Neptune, et il serait positionné environ à 700 U.A. soit 105 milliards de kilomètres (par comparaison, il serait 17 fois plus éloigné que Pluton). Dans le même ordre d'idée, les objets terrestres les plus lointains, les sondes Voyager 1 & 2 se trouvaient en 2023 à 133 U.A. et 159 U.A...
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Pas de quoi crier Eurêka, mais largement de quoi susciter d'éventuelles confirmations avec de grands télescopes comme le James Webb, Vera Rubin...
Last but not least, cette planète – si c'en est bien une – ne serait peut-être pas native du système solaire, mais une vagabonde captée par le système solaire... ce qui en ferait un objet très intéressant à étudier...

jeudi 8 mai 2025

Déploiement de l'antenne radar du satellite Biomass

Revenons un instant sur le satellite Biomass, qui a déployé son antenne radar, une caméra embarquée en a pris les images et nous les propose depuis le site de l'ESA :
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–  © E.S.A. –
L'E.S.A nous propose aussi cette simulation numérique :
– © E.S.A. –

 

lundi 5 mai 2025

Mission Tianwen 2 vers Kamo'oalewa, l'astéroïde qui s'est lié à la Terre...

 C'est un astéroïde qui a déjà été évoqué, dans ce blog, il y a longtemps... À l'époque, il n'était désigné que par la nomenclature : 2016 HO3 , lacune désormais comblée car il est devenu : Kamo'oalewa et il est décrit par une précise fiche wikipedia.

– © crédit : CNSA : China National Space Administration –

L'objet est singulier, car sa trajectoire oscille de 30 à 100 fois la distance Terre-Lune, il n'est pas classé comme dangereux, ne s'approchant jamais à moins de 14 millions de kilomètres, sa trajectoire en fait un quasi satellite de la Terre. Donc, c'est un astéroïde à portée raisonnable et donc tout à fait propice à une étude approfondie.

Les Chinois ont décidé de s'y intéresser de près et ils ont conçu une mission de recherche d'échantillons. La sonde : Tian Wan 2 (ex-mission Zeng He)  ira rendre à ce compagnon de trajectoire et elle devrait décoller le jeudi 22 mai prochain, lancé par une fusée longue Marche 3B, de moyenne puissance.

La mission aura pour principal objectif d'aller collecter des matériaux à la surface de l'astéroïde et de revenir vers la Terre pour y envoyer sa récolte, avant de repartir pour la ceinture d'astéroïdes... Elle comprend également des caméras, un spectromètre, un radar pour sonder le sous-sol de l'astéroïde, un imageur infrarouge...

Je ne parle pas le mandarin, mais les caractéristiques de sa trajectoire sont décrites ci-dessous :

mardi 29 avril 2025

Biomass : lancement réussi

 

– © ESA base spatiale de Kourou –

Aujourd'bui, mardi 29 avril, l'agence spatiale Européenne a lancé un satellite d'observation de la vie sur Terre, Biomass, qui mesurera comme son nom l'indique l'ensemble de la masse végétale. Son principal instrument est constituée d'un radar, qui dressa la carte de la biomasse de la planète, très utile pour connaître l'état des puits de carbone et leur contribution pour limiter le réchauffement climatique.

Le satellite a été mis sur orbite par une fusée Vega C, dont le maître d'œuvre est l'italien AVIO, mais auquel contribuent une dizaine de nations européennes, dont l'Ukraine.

Voir ci-dessous le lancement (mis à disposition par l'E.S.A.)