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jeudi 7 août 2008

Quel SOUFFLE ? Quel RÊVE ?

Ce soir-là, j'avais écrit, j'étais fatigué et je suis allé me coucher. Le lendemain, mes collègues surexcités comparaient les heures indues auxquelles ils s'étaient couchés : gêné, je me suis tu. Nous sommes entrés dans la classe pour cette session intitulée : "Conte cruel".
La veille, lors des exercices, j'avais senti un remugle puissant remonter, quelque chose qui m'avait effrayé à tel point que j'avais vu le tableau de la classe pulser comme un coeur.
Pendant que mes collègues lisaient leurs histoires, une image est venue, puis une histoire que j'ai griffonnée hâtivement. L'intervenant m'a laissé raconter cette histoire qui n'avait pas été écrite dans les règles : ainsi est née Nina avec son désir de gagner des ailes.
Comme c'était un stage qui visait à devenir scénariste, ma professeur m'a orienté vers une histoire propre à être réalisée, pas cette histoire effrayante. Néanmoins, je me suis amusé à transcrire ce conte cruel en un scénario de court-métrage.
Tous les jurys l'ont aimé et sélectionné en séance pleinière. Dans le premier, la personne qui me donnait les délibérations du jury m'a dit : "ça, je ne peux pas le dire". Or la seule chose dont le jury n'avait pas parlé, c'était le coût de ce conte qui mettait en scène une jeune femme munie d'ailes. Dans le deuxième jury, il y avait un oral. Mon principal opposant était venu avec son producteur, le mien n'était pas venu. Une bourgeoise cultivée, à l'allure de professeur, m'a demandé à quoi rimait cette histoire cruelle et gratuite. Je n'ai pas vu le piège, à savoir qu'elle refusait cette cruauté qui n'était pas gratuite, puisqu'elle était mon sujet, mais qui devait la confronter à ses propres émotions...
Je suis ressorti amer et déprimé de cette histoire : les gens qu'elle touchait étaient les mêmes qui me gênaient pour la faire éclore. Les jurys m'ont semblé des paniers de crabe malsains. Le temps a passé. J'ai retrouvé du travail, une amie m'a sorti de l'ornière, et, comme j'avais retrouvé du temps libre, j'ai réfléchi à une suite de cette histoire qui n'en avait pas fini avec moi. Je l'ai écrite en langue littéraire, et c'est devenu un petit roman, qui n'était plus vraiment un scénario, mais qui en gardait les stigmates, et qui n'était pas vraiment une histoire écrite en belle langue littéraire, une chose assez brute et cruelle qui ne m'a jamais quitté et qui a été mon premier roman édité.
Aujourd'hui, l'éditeur a fait faillite depuis sept ans, et je fais le voeu de pouvoir rééditer cette histoire...

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