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samedi 8 septembre 2012

L'amant de lady Chatterley (D.H. Lawrence)


 Elle continua sa marche, tendant l'oreille. Alors elle remarqua un étroit sentier entre les jeunes sapins qui cédaient bientôt la place aux vieux chênes. Elle suivit le sentier et le bruit de marteau se rapprocha dans le silence du bois plein de vent, car les arbres font du silence, même au milieu de leur bruit de vent.
 Elle vit une petite clairière secrète, et une petite cabane secrète, faite de poteaux rustiques. Elle comprit que c'était l'endroit paisible où on élevait les jeunes faisans ; le garde, en bras de chemise, était à genoux et frappait du marteau. Le chien s'avança avec un aboiement court et rapide, et le garde leva soudain les yeux et la vit. Il la regarda d'un air saisi.
 Il se redressa et fit le salut militaire, l'examinant en silence, comme elle avançait, chancelante. Il lui en voulait de violer cette solitude qu'il aimait comme sa seule, sa dernière liberté dans la vie. 
 — Je me demandais ce qu'était ce bruit de marteau, dit-elle ; elle se sentait faible, hors d'haleine, et un peu effrayée par lui qui la regardait en plein visage.
 — Je prépare les paniers pour les jeunes oiseaux, dit-il dans le patois le plus rude.
 Elle ne savait que dire, et se sentait un peu faible.
 — Je voudrais m'asseoir un peu, dit-elle.
 — Venez vous asseoir ici dans la cabane, dit-il ; et il la précéda, poussa de côté des débris de bois et avança une chaise rustique faite de bâtons de noisetier.
 — Faut-il vous faire un peu de feu, demanda-t-il, dans son dialecte naïf.
 — Non, non, ce n'est pas la peine, répondit-elle.
 Mais il regarda ses mains : elles étaient un peu bleues. Alors il porta vite des rameaux de mélèze dans la petite cheminée de briques qu'il y avait dans un coin de la cabane ; et, tout de suite, une flamme jaune monta dans la cheminée. Il lui fit place près du foyer de briques.

Je remercie Pascale FERRAN pour avoir sorti L'amant de lady Chatterley de son triste ghetto pornographique pour en faire une œuvre de conquête et de découverte de soi, pleine de sensualité et de fraîcheur. C'est elle, et son adaptation, qui m'ont donné l'envie de lire cette œuvre maîtresse de la littérature du XXème siècle.


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