Quand j'entendais des gens défendre Paul Morand et vilipender son exil après la Seconde Guerre mondiale, j'étais interrogatif : comment un écrivain, un Ecrivain, peut-il être un fasciste ? L'écriture n'est-elle pas générosité et don de soi ? Cet après-midi, j'ai mis en vente Hiver Caraïbe, notes de voyage, publié en 1929, dont j'extrais ce passage (page 51) :

Race, lois de Mendel : P. Morand manipule des concepts scientifiques auxquels il ne comprend visiblement pas grand-chose, si ce n'est la volonté par le style de briller à tout prix. Dans un salon, ça devait faire un petit effet, avec un regard rétrospectif de 84 ans, c'est terrifiant.
Emerson : citer un généticien pour faire croire qu'on a étudié la génétique...
La fin se passe de commentaires et ne rend pas la littérature française bien fière d'elle-même. Nombre d'écrivains français de l'Entre-deux guerres fascinèrent tous les bords politiques, certains commencèrent à gauche, ou anarchistes, pour finir dans les jupes de Pétain. D'autres se prétendirent au dessus de foules qu'ils affectaient de mépriser, comme Paul Morand, ivre de sa singularité et croyant la littérature supérieure à tout par essence : la naïveté stupéfie. Cette thèse était très courante à l'époque : l'écrivain au-dessus de la foule, des opinions communes et de la vulgarité. Le résultat en a souvent consisté en un retournement de l'intelligence. Ainsi, Paul Morand se mire dans les théories racistes qui trouveront leur aboutissement dans la shoah : l'intelligence submergée par la fascination de la brutalité.

Qu'on songe que ces écrivains furent des modèles à penser et que leur indépendance d'esprit fascina. Ils firent le lit du fascisme et applaudirent l'arrivée du maréchal Pétain et les rafles antijuives. Ce type d'écrivain existe encore, les sectateurs du libéralisme, les disciples d'Alain Minc, les fanatiques religieux comme Ron Hubbard, certains écrivains de science-fiction : cette tendance est de retour et elle est, sans doute aucun, le cauchemar d'un écrivain moderne...
2 commentaires:
"Comment un écrivain peut-il être fasciste ?" ou "Comment un écrivain peut-il être méchant ?" soit le degré zéro de la critique littéraire et de la pensée. Il y en a plein d'autres : comment un écrivain peut être raciste, comment un écrivain peut être avare, comme un écrivain peut être misogyne, etc...
On finira par dire "comment un écrivain peut-il ne pas être de gôôche" et la boucle sera bouclée, la littérature sera vraiment asservie à l'idéologie et aux commissaires politiques bénévoles qui la font vivre.
La littérature n'en a rien foutre de vos bons sentiments, bande de trouducs de progressistes à la con. Relisez Maupassant en train de parler des juifs et des Arabes dans "Au soleil" bande de tarés, et ne vous mêlez plus jamais de littérature.
Comment les arguments d'un critique peuvent se résumer à une litanie d'insultes ? Quand on a quelque chose à dire, on l'étaye, par des citations ou un raisonnement, on raisonne, on développe une pensée... et quand un écrivain — juste soucieux de briller – fait l'impasse sur les morts de l'idéologie qu'il défend...
Il ne s'agit pas d'opposer une bonne littérature idéologique à une autre, c'est votre erreur. La majorité des écrivains qui finirent dans le Pétinisme et la collaboration était issu du bord politique opposé. Mais il me semble que votre souci ne s'intéresse pas à ce genre d'écrivains qui changèrent d'idéologie...
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