Goggle Analytics

jeudi 27 mars 2014

Quel avenir pour la coopération spatiale entre nations ?

 Avec la révolution en Ukraine, l'évolution internationale semble faire ressurgir le vieux spectre de la Guerre Froide : avec une Russie qui renoue avec une volonté d'écrasement d'autrui (guerre & massacres en Tchétchénie, guerre-éclair en Géorgie), l'annexion de la Crimée par la Russie pourrait-elle mettre un terme à la coopération en matière de spatial ?
 À la suite du retrait de la navette spatiale, les seuls vaisseaux au monde capable d'emmener en orbite un équipage et de le ramener au sol sont des vaisseaux russes : les Soyouz. Or, hasard de l'actualité, le dernier Soyouz envoyé le 26 mars 2014 avec, à son bord, trois astronautes Russes et un Américain a raté jeudi 27 mars,  son arrimage à la Station Spatiale Internationale... Bien que la Russie revienne au premier plan politique et militaire, ses technologies accusent un retard conséquent. Ce qui constitue l'atout numéro Un du Soyouz ne tient pas dans sa modernité, mais dans sa robustesse, il y aurait un grand avantage à développer un nouveau type de véhicule habité, bénéficiant des progrès des technologies modernes.
 Depuis plusieurs années, la NASA a mené une politique cohérente pour recouvrer son indépendance mise à mal par l'absence de véhicules de ravitaillement : en sous-traitant la conception et la construction de cargos ATV à différents états : l'Europe et le Japon, puis à des organismes US privés (SpaceX, Orbital Sciences...), la NASA a recouvré la maîtrise de son indépendance.
 Par contre, pour le renouvellement des équipages, il est manifeste que la Russie tient en otage les U.S.A. : il n'existe aucun vaisseau capable d'embarquer un équipage vers la Station Spatiale Internationale. Aujourd'hui, les frères ennemis du Spatial sont donc contraints de coopérer.
---
 En matière de vol habité, la NASA n'a pas été inactive, et s'est investie dans la conception de la capsule Orion, dans laquelle sont associées étroitement la NASA et l'ESA, l'Agence Européenne de l'Espace. Les européens et les japonais se sont lancés dans le développement de véhicules habités : par exemple, la société Astrium travaille sur ce concept depuis deux ans. Aux U.S.A., autre exemple, la société privée SpaceX travaille également au développement d'un véhicule habité.
 Cependant, ces travaux demandent du temps...
---
 Les tensions internationales ravivées depuis peu, par la volonté des maîtres de la Russie de renouer avec une politique hégémonique indiquent la fin d'un cycle, commencé en 1989, avec l'effondrement des démocraties populaires, et qui aura donc duré vingt-cinq ans.
 Paradoxalement, ce cycle aura été consacré à la rénovation des ex-démocraties populaires et de leurs économies et il s'est accompagné d'un quasi-arrêt du spatial : la coopération russo-américaine a conforté chacun dans un renoncement moral, en s'appuyant sur les capacités propres du voisin (robustesse du Soyouz en échange de l'accessibilité à la Station Spatiale Internationale) et justifié le frein considérable donné au développement spatial.
 Or, la Russie signe son retour à la prospérité par des guerres, des massacres, et le soutien de dictatures : bien qu'un point de non-retour économique semble acquis (par exemple, pour la fourniture de gaz à l'Europe), les divergences entre Russie et pays membres de l'OTAN sont appelées à s'amplifier en tout vraisemblance : on ne négocie pas avec un état qui vise à vous écraser.
---
Si les accords commerciaux ne peuvent pas facilement être cassés, une coopération symbolique peut être rompue à peu de frais tout en acquérant la sympathie de l'opinion publique.
--- 
Je le dis : je ne suis spécialiste en rien, surtout pas en géopolitique. Donc, plutôt que de procéder par affirmation péremptoire, je vais m'essayer à des questions en demandant à un éventuel lecteur de pardonner mes imprécision et naïveté :
  1. Une rupture de la coopération spatiale serait d'un faible coût (en terme de budgets nationaux), et elle aurait l'avantage de rallier symboliquement l'approbation des populations que l'Espace fait rêver.
  2. Une rupture de la coopération spatiale, bien qu'inenvisageable aujourd'hui, pourrait-elle être envisagée l'horizon 2015-2020 ? Ce point ne sera possible que si la NASA et ses partenaires parviennent à développer un, ou plusieurs, véhicules habités indépendants. Récemment, l'ESA a pris une prise de participation dans la société Sierra Nevada Corporation qui développe une navette habitée : le Dream Chaser. La volonté d'indépendance des états associés dans la Station Spatiale Internationale est donc forte...
 Paradoxalement, la coopération spatiale internationale en réalisant des économies, a freiné le développement du spatial. Serait-il inimaginable qu'une séparation des états, signe un regain du développement du spatial ?
 Souvenons-nous que le premier pas sur la Lune a durablement boosté la recherche américaine et été le point de départ d'un nombre important de technologies, aujourd'hui source de richesses. Pour résumer, si la coopération spatiale a été un frein au développement du spatial, pourquoi pas une saine séparation si elle redonne de l'élan et un intérêt à sa marche en avant ? Les périodes de crise, c'est connu, sont les meilleures opportunités qui soient pour investir dans l'avenir...

Aucun commentaire: