Goggle Analytics

dimanche 8 juin 2014

Limites de la morale (A. Comte-Sponville)

Partant du postulat qu'un philosophe est souvent moins ennuyeux qu'un auteur de SF, il m'arrive de chercher dans la philosophie des réponses à mes questions. Ainsi, récemment, j'ai trouvé ce livre d'André Comte-Sponville : « Le goût de vivre et cent autres propos » qui réunit des articles qu'il a fait paraître en revue, le mot propos étant une référence très explicite à un maître du siècle passé : Alain et le but étant d'être bref et concis. Le résultat est à la hauteur de l'espérance.

Qu'il me soit permis d'évoquer le premier article :
LIMITES DE LA MORALE
-
Le difficile, avec la morale, c'est qu'on ne peut ni s'en passer, ni s'en contenter.
Pour résumer, la morale ne s'exprime que par la négative (« Tu ne mentiras pas, tu ne tueras point, tu ne... pas »). La morale suppose le désir du mal et s'y oppose.
Or, remarque A. Comte-Sponville, on peut pas toujours dire non. Ce serait sottise ou tristesse. Il s'agit bien plutôt de dire oui, au monde et à la vie, et c'est à quoi se ramène la sagesse. Et quand Comte-Sponville fait appel à la sagesse, il passe au stade supérieur. La sagesse ne peut pas se contenter de la morale, et la vertu, en soi, ne rend ni heureux, ni sage, ni philosophe. La morale est une noblesse de l'esprit incontournable.
L'idée est qu'il ne suffit pas de se rendre digne d'être heureux pour le devenir, et que, si la morale est un garde-fou nécessaire pour ne pas tituber comme un ivrogne ivre de son ego, la vie est un mouvement qui emporte tout dans son cours, comme un fleuve (plus puissant que les digues, qui ont pourtant leur utilité). Quant aux immoralistes, ceux qui sont tentés de jeter la morale aux orties sous prétexte qu'elle ne peut nous satisfaire, laissons au philosophe le soin de conclure :
« La morale est lucidité (sur soi) et respect (de l'autre). C'est dire assez ce qu'il faut penser des immoralistes : ce sont des niais plus souvent que des barbares. »

Aucun commentaire: