Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques,
tes mains douces plus que fourrure.
Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la
haute brise nocturne,
A peine. Pas même la chanson de nourrice.
Qu'il nous berce, le silence rythmé.
Ecoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre,
écoutons
Battre le pouls profond de l'Afrique dans la brume des
villages perdus.
*
Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale ;
Voici que s'assoupissent les éclats de rire, que les
conteurs eux-mêmes
Dodelinent de la tête comme l'enfant sur le dos de
sa mère ;
Voici que les pieds des danseurs s'alourdissent, que
s'alourdit la langue des chœurs alternés.
*
C'est l'heure des étoiles et de la Nuit qui songe et
S'accoude à cette colline de nuages, drapée dans son
long pagne de lait.
Les toits des cases luisent tendrement. Que disent-ils,
si confidentiels, aux étoiles ?
Dedans, le foyer s'éteint dans l'intimité d'odeurs âcres
et douces.
*
Femme, allume la lampe au beurre clair, que causent
autour les ancêtres comme les parents, les
enfants au lit.
Ecoutons la voix des Anciens d'Elissa. Comme nous
exilés,
Ils n'ont pas voulu mourir, que se perdît par les sables
leur torrent séminal.
Que j'écoute, dans la case enfumée que visite un reflet
d'âmes propices,
Ma tête sur ton sein chaud comme un dang au sortir
du feu et fumant,
Que je respire l'odeur de nos Morts, que je recueille et
redise leur voix vivante, que j'apprenne à
Vivre avant de descendre, au-delà du plongeur,
dans les hautes profondeurs du sommeil.
Léopold Sédar Senghor (1906-2001)
Le poème ne semble pas avoir connu de version chantée, voici donc un autre poème : « Femme noire » chanté par Meïssa N'Baye
tes mains douces plus que fourrure.
Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la
haute brise nocturne,
A peine. Pas même la chanson de nourrice.
Qu'il nous berce, le silence rythmé.
Ecoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre,
écoutons
Battre le pouls profond de l'Afrique dans la brume des
villages perdus.
*
Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale ;
Voici que s'assoupissent les éclats de rire, que les
conteurs eux-mêmes
Dodelinent de la tête comme l'enfant sur le dos de
sa mère ;
Voici que les pieds des danseurs s'alourdissent, que
s'alourdit la langue des chœurs alternés.
*
C'est l'heure des étoiles et de la Nuit qui songe et
S'accoude à cette colline de nuages, drapée dans son
long pagne de lait.
Les toits des cases luisent tendrement. Que disent-ils,
si confidentiels, aux étoiles ?
Dedans, le foyer s'éteint dans l'intimité d'odeurs âcres
et douces.
*
Femme, allume la lampe au beurre clair, que causent
autour les ancêtres comme les parents, les
enfants au lit.
Ecoutons la voix des Anciens d'Elissa. Comme nous
exilés,
Ils n'ont pas voulu mourir, que se perdît par les sables
leur torrent séminal.
Que j'écoute, dans la case enfumée que visite un reflet
d'âmes propices,
Ma tête sur ton sein chaud comme un dang au sortir
du feu et fumant,
Que je respire l'odeur de nos Morts, que je recueille et
redise leur voix vivante, que j'apprenne à
Vivre avant de descendre, au-delà du plongeur,
dans les hautes profondeurs du sommeil.
Léopold Sédar Senghor (1906-2001)
Le poème ne semble pas avoir connu de version chantée, voici donc un autre poème : « Femme noire » chanté par Meïssa N'Baye
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