Votre nom très païen, un peu prétentieux,
Parce que c'est le vôtre en est délicieux ;
Il veut dire « jolie » en espagnol, et comme
Vous l'êtes, on dit vrai chaque fois qu'on vous nomme.
*
Ce nom devient mélancolique en allemand,
Aux brises de l'Avril, il bruisse doucement,
C'est le tilleul lyrique, un arbre de légende,
D'où, chaque nuit, des lutins fous sortent en bande.
*
Enfin, ce rare nom qui dit votre beauté,
Ce fut aussi le nom d'une antique cité
Qui florissait jadis parmi les roses belles
Dans Rhodes, l'île où roucoulent les colombelles.
*
A chaque poème de lui que je découvre, je regrette que mes professeurs ne m'aient fait étudier ni Guillaume Apollinaire (1880-1918), ni Verlaine d'ailleurs, se contentant de suggérer par paraphrases énigmatiques qu'ils ne nous faisaient plancher que sur des choses pleines d'ennui, laissant de côté la poésie, la vraie...(:-). Apollinaire est connu pour ses œuvres avant-gardistes, et ce poème tardif n'est pas du nombre : trois quatrains en alexandrins fort jolis et très amoureux, suivis, page suivante, d'un acrostiche, extrait de « Poèmes à Lou » dont l'édition date de 1955 et la première publication de 1917. La jeunesse serait-elle l'âge du formalisme et du manque d'émotion ?
L'ombre de la très douce est évoquée ici,
Indolente, et jouant un air dolent aussi :
Nocturne et lied mineur qui fait pâmer son âme
Dans l'ombre où ses longs doigts font mourir une gamme
Au piano qui geint comme une pauvre femme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire