L'entreprise est ainsi faite qu'il faut savoir où mettre les moins compétents. A la suite d'un examen superficiel, un esprit moyen pensera : « Là où leurs erreurs sont le moins susceptibles de nuire. ». Un esprit acerbe vous rétorquera que vous êtes mûr pour subir un harcèlement moral intensif et tout l'encadrement de rire avec lui, mort de rire, littéralement.
Imaginez une seconde que vous êtes chef et que vous devez vous choisir un adjoint, un cadre, à qui vous confierez des responsabilités. Si vous prenez une personne motivée et compétente :
1°) Elle va vite vous faire de l'ombre et vous menacer (surtout si votre compétence n'est pas bien assurée).
2°) Elle est capable de vous contredire devant tout le monde, et il n'y a rien de plus désagréable.
3°) Elle risque de gripper à tout moment la chaîne si bien huilée des encadrants : soumis à leur hiérarchie, odieux avec ceux qu'ils dirigent.
A l'opposé, prenez une personne dénuée de qualité professionnelle et bombardez-là, je ne sais pas, planificateur. Comme cette personne n'en avait pas les qualités, elle va vous être éperdument reconnaissante.
Mais, me direz-vous, l'appétit venant en mangeant, cette personne ne risque-t-elle pas de gagner en ambition et de comploter ?
L'incompétence a alors son utilité : à la moindre bourde que cette personne commettra, elle se retrouvera en porte-à-faux devant les personnels. Vous aurez alors beau jeu de venir à son secours, et de corriger les erreurs sans nombre qu'elle commet par simple méconnaissance d'un travail qu'elle n'a jamais pratiqué et sur lequel une paresse naturelle l'aura conduite à ne jamais s'informer. J'allais oublier d'ajouter la paresse à son incompétence.
Dès lors, le dispositif est en place : à la moindre faute commise, l'incompétent promu vous est redevable de sa sauvegarde, et tant que cette incompétence se maintiendra, l'incompétent promu vous sera éternellement soumis.
A l'opposé, face à des personnels inférieurs qui connaissent son incompétence, le promu aura à cœur de les humilier, de les brimer, d'imaginer des pièges que la simple position de promu lui permet de mettre en œuvre.
Alors, qui promouvoir pour assister un dirigeant ? Un cadre plein d'avenir ? Ou un incompétent contraint à la reconnaissance ? La réponse fait-elle l'ombre d'un doute ?
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