Pour quelqu'un qui a connu les années soixante-dix et leur volonté, obsession peut-être, de libération sexuelle, il me semble que l'époque moderne sera un jour qualifiée par sa violence et son refus de toute représentation de la sexualité et du désir de deux êtres, du moins dans la représentation : télévision, cinéma, littérature...
A l'opposé, les productions modernes ne se refusent aucune complaisance en matière de violence. Cadavres, chairs décomposées, malmenées, écrasées, découpées, le corps est souvent réduit à une chose que l'on coupe, que l'on tranche, que l'on malmène, que l'on mange parfois... Le premier exemple, amusant, est une série scientifique, N.C.I.S. très regardée, où le médecin légiste est representé parlant avec tendresse à des cadavres atrocement mutilés, tandis qu'un projecteur et un trucage de l'image voilent d'une tache blanche ultra-lumineuse les parties sexuelles du mort...
A l'opposé, les productions modernes ne se refusent aucune complaisance en matière de violence. Cadavres, chairs décomposées, malmenées, écrasées, découpées, le corps est souvent réduit à une chose que l'on coupe, que l'on tranche, que l'on malmène, que l'on mange parfois... Le premier exemple, amusant, est une série scientifique, N.C.I.S. très regardée, où le médecin légiste est representé parlant avec tendresse à des cadavres atrocement mutilés, tandis qu'un projecteur et un trucage de l'image voilent d'une tache blanche ultra-lumineuse les parties sexuelles du mort...
En réalité, il est fréquent qu'un film / un roman parle de sexualité pervertie, de celles où la violence et le
pouvoir viennent gâcher le plaisir, dominateurs et dominés, l'union du fouet et des menottes est de bon ton, elle est même chic, on en rit, on bâtit des scénarios policiers où l'on explore la psychologie d'une dominatrice, mais tout cela reste voilé et caché. Le nu, celui qui éveille le désir, est prohibé et il n'est évoqué que par sa réduction. Dimanche, c'était une série où un dominé avait été enfermé dans une cage à chien, les mains entravées par des menottes roses avant d'être transpercé par une lame... Mise en scène macabre dont nous ne verrons rien, sauf... qu'à partir des cendres du mort, la dominatrice a fait « réaliser » un diamant.
Parfois, le nu est permis, sous réserve que la sexualité soit évacuée :
pouvoir viennent gâcher le plaisir, dominateurs et dominés, l'union du fouet et des menottes est de bon ton, elle est même chic, on en rit, on bâtit des scénarios policiers où l'on explore la psychologie d'une dominatrice, mais tout cela reste voilé et caché. Le nu, celui qui éveille le désir, est prohibé et il n'est évoqué que par sa réduction. Dimanche, c'était une série où un dominé avait été enfermé dans une cage à chien, les mains entravées par des menottes roses avant d'être transpercé par une lame... Mise en scène macabre dont nous ne verrons rien, sauf... qu'à partir des cendres du mort, la dominatrice a fait « réaliser » un diamant.
Parfois, le nu est permis, sous réserve que la sexualité soit évacuée :
. Le Burlesque est un streep-tease prôné par les féministes elles-même. Le strip-tease devient alors un outil d'émancipation, apprendre à accepter et faire accepter, son corps, et ses imperfections, à le révéler, sous réserve, que la nudité serve de prétexte à la mise en scène de gags. D'où son nom, le burlesque. Et sa pudeur : les bouts de seins doivent être cachés, jamais le sexe n'est vu, c'est un nu sans sexe, et presque sans désir. C'est frustrant et ce n'est pas le moindre des paradoxes que le féminisme se révèle une entreprise de démolition du désir.
. Les Femen exposent leurs seins, organes sexuels en les ornant de slogans et de mots crus. Ici, l'exposition du nu est transformé en un acte de violence extrême, il s'agit de hurler contre la répression, pas de sexualité là non plus, mais de la politique, et un affrontement violent, qui peut finir dans un tribunal, là où la violence est jugulée par l'exercice des lois.
. Les Femen exposent leurs seins, organes sexuels en les ornant de slogans et de mots crus. Ici, l'exposition du nu est transformé en un acte de violence extrême, il s'agit de hurler contre la répression, pas de sexualité là non plus, mais de la politique, et un affrontement violent, qui peut finir dans un tribunal, là où la violence est jugulée par l'exercice des lois.
Dans les films de mon enfance, l'alerte parentale — le carré blanc — était un indicateur de scènes à caractère sexuel. Aujourd'hui, il est toujours l'indice d'une violence. Ainsi, une série policière (« Bones ») à caractère sentimental, qui affiche systématiquement un cadavre, mutilé, écrasé, démembré et dans un état de décomposition avancée... et dont la résolution n'expliquera jamais la raison de cette mise en scène macabre, preuve que la violence et le gore sont reconnus comme fédérateur du public, désirés, alors que le sexe, dans cette série, est carrément fleur bleue, semé de bisous et de comportements de bisounours (charmants et infantiles).
. Enfin, signalons Spencer Tunick, photographe qui filme des foules nues, et je ne peux m'empêcher de penser à cette américaine puritaine d'un roman de Philip K. Dick qui, le jour où elle se révèle douée de pouvoirs paranormaux, s'empresse de changer les corps d'autrui et de leur ôter leurs organes sexuels. On peut se mettre tout nu, dès lors, et rester d'une chasteté monacale !
Le nu existe donc, mais le sexe en est toujours évacué. Les lobbys, féministes et religieux se rejoignent dans leur volonté de dessexuer le corps. Le sexe, la femme, l'homme, ne sont pas représentables dans leur dimension du désir, films et romans nous montrent des sociétés où le sexe n'existe pas, ou bien en tant que repoussoir : les autres sexualités sont admises, en tant qu'orientation sexuelle, discussion sur l'orientation, alors que les fictions décrivent à loisir le désir comme une faiblesse, qui conduit au meurtre, le plaisir comme une pente aboutissant à la mort, le désirant ou l'innocent tombant sous la coupe d'une personne dominatrice et violente abondent... Vous trouvez vraiment qu'on vit dans une époque libérée, vous ?
Le nu n'existe plus que comme mise en scène... et comme négation.
Le nu n'existe plus que comme mise en scène... et comme négation.
Enfin, il y a parfois des exceptions, quelque chose qui évoque de la tendresse... du moins c'est le sentiment que donne cette œuvre de Ron Mueck
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