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dimanche 9 mars 2014

La princesse et le croque-notes (Georges Brassens)

     Jadis, au lieu du jardin que voici,
     C'était la zone et tout ce qui s'ensuit,
     Des masures, des taudis insolites,
     Des ruines pas romaines pour un sou.
     Quant à la faune habitant là-dessous
     C'était la fine fleur, c'était l'élite.
                          -
     La fine fleur, l'élite du pavé.
     Des besogneux, des gueux, des réprouvés,
     Des mendiants rivalisant de tares,
     Des chevaux de retour, des propres à rien,
     Ainsi qu'un croque-notes, un musicien,
     Une épave accrochée à sa guitare.
                          -
     Adoptée par ce beau monde attendri,
     Une petite fée avait fleuri,
     Au milieu de toute cette bassesse.
     Comme on l'avait trouvée près du ruisseau,
     Abandonnée en un somptueux berceau,
     À tout hasard on l'appelait « princesse ».
                          -
     Or, un soir, Dieu du ciel, protégez nous !
     La voilà qui monte sur les genoux
     Du croque-notes et doucement soupire,
     En rougissant quand même un petit peu 
 « C'est toi que j'aime et si tu veux, tu peux
     M'embrasser sur la bouche et même pire... »
                          -
  « Tout beau, princesse, arrête un peu ton tir,
     J'ai pas tellement l'étoffe du satyre.
     Tu as treize ans, j'en ai trente qui sonnent,
     Grosse différence et je ne suis pas chaud
     Pour tâter d'la paille humide du cachot... »
 « Mais, croque-notes, j'dirai rien à personne... »
                -
 « N'insiste pas, fit-il d'un ton railleur,
     D'abord, tu n'es pas mon genre, et d'ailleurs,
     Mon cœur est déjà pris par une grande... »
     Alors princesse est partie en courant,
     Alors princesse est partie en pleurant,
     Chagrine qu'on ait boudé son offrande.
                          -
     Y'a pas eu détournement de mineure,
     Le croque-notes au matin, de bonne heure,
     À l'anglaise a filé dans la charrette
     Des chiffonniers en grattant sa guitare.
     Passant par là quelques vingt ans plus tard,
     Il a le sentiment qu'il le regrette.
Georges Brassens
Cette chanson date de l'avant-dernier album de Brassens, je me souviens que c'est le premier disque, en 33 tours, que j'ai acheté. Très fier, je l'avais montré à ma mère qui, loin de fêter avec moi cet auteur (qui était apprécié à la maison...), avait protesté contre les paroles du « Blason », que je n'avais pas du tout comprises (à quatorze ans, c'était un langage encore un peu complexe), et que j'ai dès lors écoutées d'une oreille plus attentive...
 Annexement, c'est aussi la première chanson que j'ai chantée en m'accompagnant à la guitare... Le troubadour vertueux en proie au doute est mise en scène avec humour, anar, peut-être, sans doute, mais vertueux...
Voici une version conservée par l'Ina, un direct de la télé, donc :
(impossible de l'intégrer, ça vient de l'Ina, voici l'adresse ! )

et une version canadienne par Michel Rivard : 

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