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Je parle à un navire que je sais.
En grand danger sur la mer difficile,
il va contre le vent dont les accès
de rage voudraient le rendre indocile
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à sa route. Il va, battant pavillon
d'or, qui de loin semble tissé d'étoiles.
« Ne crains pas, Navire, les tourbillons,
ni les lames à l'assaut de tes voiles.
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Entends là-bas, là-bas : la cloche sonne
par-dessus les récifs de madrépore
pour t'annoncer, les oraisons résonnent
dans les cœurs, et la brume s'évapore
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montrant le saphir d'une nuit d'été,
plus belle que les saphirs des couronnes.
En elle, ton repos est apprêté
depuis toujours. Vois, les vagues s'ordonnent,
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troupeau tranquille, pour te faire fête,
avec les angéliques habitants
de ce lieu saint à l'abri des tempêtes,
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où tu aborderas, mon cœur, dans un instant. »
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« Ce qui disent les Souffles », 1949
ALLIETTE AUDRA
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Pour explication, les madrépores sont des « polypiers calcaires » qui s'agglomèrent et forment des récifs coralliens.
Alliette Audra fait partie de ces poètes qu'on oublie de citer et dont le talent éclate à chaque poème qui vient à frapper nos yeux.
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