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jeudi 1 juin 2017

Littérature ?? Littératures ?

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C'est toujours pour moi une expérience étrange que d'entendre des gens énoncer le mot Littérature et découvrir que le sens qu'ils lui donnent est une exclusion. C'est à dire qu'on passe d'un jardin extraordinaire à un jardin zen enserré de murs. 
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Pour celui qui l'énonce, ce mot s'accompagne d'un non-dit : pas cette littérature là, pas celle-là non plus, celle-ci à la poubelle, celle-ci est impure... C'est un peu comme si un  amateur de géographie prétendait que la Touraine était le seul Espace digne d'étude. Et que les Tourangeaux ne montent pas sur leurs chevaux : je ne suis pas sûr que ce serait les aimer que de prétendre que leur territoire est le Tout.
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Avoir aimé des auteurs du passé et les révérer à l'égal d'un prêtre d'un culte que personne ne leur a demandé d'assumer, passe encore ! Estimer que les œuvres du passé sont indépassables, que la littérature d'aujourd'hui ne peut se constituer que de plagiaires plus ou moins consciencieux, que le génie a déserté les Lettres et que la Littérature est morte... Conclusion logique : ces personnes sont les mêmes qui se plaignent de ce que leur Église — qu'ils ont si consciencieusement vidée — soit déserte...
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S'il ne s'agissait que de marginaux... Je connais un éditeur de poésie qui n'admet en poésie que les Rondeaux, les Rondels, les Triolets et les Quatrains et pour qui tout le reste n'est que « Décadence, escroquerie, vanité, stupre et même souvent : pornographie ». En tant qu'éditeur, c'est son argent et il le dépense comme il l'entend. Je n'ai rien à y redire. Sa définition de l'amour trouvera bien un jour une plume accordée à son désir, et c'est tout le mal que je lui souhaite.
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À vrai dire, c'est le plaisir des salons que de croiser des personnes de cet acabit, derrière un stand où ils se consacrent avec passion à leur manie et j'avoue leur vouer une sympathie sincère.
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J'ai toujours aimé les littératures de genre, littératures dites populaires.
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À noter que les littératures populaires pullulent des mêmes puristes — il faut bien dire le mot, mais je ne vois là nulle pureté, juste de la misère et de l'étroitesse d'esprit. Ils sont à l'œuvre, excluant de la littérature, toutes les autres, ainsi qu'une partie du corpus dont ils prétendent être les zélateurs. Qu'il est dur de poëter en société ! me dis-je parfois, un peu désabusé. Quant à organiser une manifestation rassemblant largement, je ne vous dis pas les dégâts qu'on commet en toute impunité et parfois avec l'argent public, les décideurs aiment ce genre de discours hautain, hélas.
Peut-être conviendrait-il de les regrouper, dans un salon de puristes en tous genres, et que chacun tienne une table à laquelle il exposera sa pureté d'un ton dédaigneux et sans concession au malheureux visiteur qui aurait eu le courage de passer la porte ? Ça aurait le mérite de la drôlerie. Une petite souris pourrait filmer leurs A.G. et les mettre en ligne...
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Parfois, cette posture, « leur » Littérature contre le reste de la France, s'accompagne d'un discours idéologique, de gauche de préférence, vouant aux Enfers les Libraires, les Éditeurs, et les « cyniques qui ne cherchent que profit ».
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Sur le plan concret, en tant qu'écrivain, je souffre beaucoup dans ces manifestations boudées par les publics populaires, car les lecteurs savent — il est difficile de tromper un promeneur du dimanche qui ne déteste rien tant que gâcher son plaisir —, qu'il n'y aura là rien, mais RIEN de ce qu'ils aiment. Donc ils ne viennent pas, et mes livres, de science-fiction en ce qui me concerne, me restent sur les bras car aucun amateur de science-fiction n'accepte de se faire piéger dans une toile littéraire à leurs yeux sans plaisir. Même une auteur de Romance dans un salon littéraire m'a confessé la même déconvenue... Le plaisir du lecteur est après tout leur seul droit, mais trier les lecteurs à l'entrée d'un salon : Vous oui ! Vous non ??
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La littérature est-elle juste un programme idéologique ?
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Donc littérature ? Il faut des auteurs, c'est vrai, mais tous les auteurs, les amateurs qui ne demandent qu'à participer à des ateliers, ceux qui veulent écrire l'histoire de leur village et tous les autres, poètes, nouvellistes, romanciers, page-turner, best-sellers, philosophe se piquant de lettres, « lettreurs » se piquant d'érotomanie, érotomane affirmant sa philosophie existentielle comme la seule possible... ; il faut aussi des éditeurs, des libraires, des associatifs luttant contre l'Illettrisme, promouvant la Francophonie, et d'autres défendant la littérature d'Afrique et des Antilles, et si vous y tenez absolument, des défenseurs des règles de grammaire de Vaugelas ou de l'orthographe selon Raymond Queneau (jeune !)...
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UNE SEULE CONCLUSION : PAS DE SINGULIER, JUSTE DU PLURIEL, DES LITTÉRATURES !
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LA LITTÉRATURE, c'est le pouvoir, la tyrannie, l'idéologie : un désert que les nuages eux-mêmes préfèrent contourner...
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LES LITTÉRATURES, c'est la littérature générale, classique, à l'ancienne, moderne, du polar, de la science-fiction, de la fantaisy (en anglais svp), de la Dark Fantaisy, du fantastique, comme monsieur de Nerval ou comme monsieur King, de la Romance, de la Bit-Lit, de l'érotisme, de la poésie, du steampunk, de l'Imaginaire, de l'Impur et même de la Faribole, de l'Electro, de la Magie, de la Sword, de l'Espionnage, tout ce qui VOUS ET NOUS AMUSE pourvu que la langue y brille et coule comme un fleuve boueux, trouble et agité de remous.
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