D'aucuns le nomment de printemps, mais j'ai pris du retard cette année, et le mois d'Août peut être un printemps, celui de la rentrée qui se hâte sur ses grands compas, ses règles, ses dictionnaires encore vierges et ses projets fous qui ne se réalisent jamais, sauf, parfois, un, comme rescapé d'un naufrage.
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Bien qu'aimant les livres, de passion parfois fluide, parfois sombre, bien qu'ils animent mes soirées, mes insomnies et les aubes d'angoisse, je me dois d'avouer que ceux-là ont échappé à mes envies, depuis tant et tant d'années, qu'il me faut bien leur avouer mon impuissance. Parfois arrêtés au milieu, parfois à peine effleurés, toujours aimés, toujours délaissés, preuve d'inanité muette et de vanité. Il doit y avoir ce premier tome des Enfants du Capitaine Grant, jolie édition de poche, reliée et gravée à l'ancienne, qui a fait les délices de certaines nuits mais si j'ai couru dans les chapitres de l'Araucanie, j'ai peiné à traverser l'Argentine...
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La voici, cette Pile à Lire, objet de tant de deuils : celui-là, j'en ai envie, je le lirai, promis, juré ! Puisque que c'est mon désir... et puisque la légèreté est dans mon âme, il me faut bien un jour m'avouer la vanité de mes illusions, voici donc cinq années d'espoirs et de promesse réduites en une pile, un néant, une longue litanie d'espoirs bafoués, de regrets attendris et d'un soupçon d'une honte gaie...
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Mais que c'est difficile que de me séparer de vous... qu'allez-vous devenir ?
1 commentaire:
"Et si la littérature était un animal qu'on traîne à ses côtés, nuit et jour, un animal familier et exigeant, qui ne vous laisse jamais en paix, qu'il faut aimer, nourrir, sortir ?
Qu'on aime et qu'on déteste. Qui vous donne le chagrin de mourir avant vous, la vie d'un livre dure si peu, de nos jours.
Roger Grenier - Les Larmes d'Ulysse - Le livre-chien
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