Ami, je t'en conjure, ne viens pas me retrouver ! Tu meurtrirais les saules que j'ai plantés devant ma demeure ! Je ne dois plus t'aimer. Il faut que j'obéisse à mes parents. Je leur ai dit combien je t'aime, combien tu m'es nécessaire, et j'ai entendu leurs violents reproches.
Ami, je t'en conjure, ne franchis pas le mur de notre cour ! Tu briserais les rameaux du jeune santal que j'arrose chaque matin ! Il m'est impossible de te donner mon cœur. La volonté de mon frère aîné est inébranlable et il m'a défendu de t'aimer.
Ami, je t'en conjure, n'arrache pas la barrière où nous nous sommes accoudés, le soir de ton départ ! Tu déracinerais le rosier dont je vais respirer les fleurs au crépuscule.
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Difficile de restituer le sens des poésies chinoises anciennes, une profonde mélancolie les ancre dans notre présent, cette poésie vient d'un recueil ancien dont j'ai déjà publié deux poèmes dans cette rubrique, mais je ne peux m'empêcher de penser que le poème hésite entre le constat de ce qui est, la réalité, sordide, un milieu étouffant, le recours au symbolique pour lui donner un sens caché aux yeux du vulgaire et d'un milieu répressif, qu'il s'appelle famille ou milieu social, et l'appel à la révolte, car, nul doute que si l'amoureux vient, il n'y pas que cette mystérieuse barrière qu'il arrachera à son destin...
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