La première fois où je vis Michel Bouquet, c’était
dans une dramatique O.R.T.F. Je viens de retrouver l’année de sa création, qui
ne doit guère différer de sa date de diffusion, c’était en 1965, j’avais cinq
ans, peut-être six, guère plus. Dans ma mémoire, ce programme, diffusé l'après-midi, faisait partie de la collection « Le théâtre de la jeunesse » de Claude Santelli, (c'est le cas, je viens de vérifier). Je me souviens de ce visage d’esclave
parfaitement détendu, lunaire, parlant d’égal à égal avec ce maître qui, parce
qu’il l’avait acheté une demi-obole, le prenait de haut tout en étant estomaqué
par l’indifférence de l’esclave à sa condition.
Esope, c’est l’esprit grec surgi de l’ombre, et Michel Bouquet s’effaçait avec une puissance sidérante derrière ce génie de l’humour, inventant ces fables qui permettaient, en donnant à chaque personnage le visage d’un animal, de dire des choses vraies : nulle volonté de se mettre en avant, de se faire valoir aux dépens d’autrui, juste celle de tendre à son interlocuteur un miroir non déformant…
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