Cherchant des cadeaux de Noël pour des amies au rayon poésie, je suis tombé sur ce recueil inédit d’Ursula K. LE GUIN, édité par les Forges de Vulcain que nous ne saurions trop remercier de s’attaquer enfin à cette partie importante de son œuvre.
Intitulé, Derniers poèmes, il reprend deux recueils édités en langue anglaise, Late in the day (En fin de journée, 2015) So far so good (Jusqu’ici tout va bien, 2018). L’édition prend le soin de nous proposer une version bilingue qui retrouve avec bonheur le style elliptique et expressif de cette grande autrice.
On mesure la taille de l’œuvre à sa diversité : Ursula K. LE GUIN est devenue célèbre par ses romans, mais elle n’a jamais cessé de s’épanouir dans tous les genres, que ce soit à l’intérieur de la fiction, où elle a abordé avec la force que l’on sait, tant la science-fiction, la fantasy, que le récit historique et fantastique, dans une veine proche de Tolstoï ou Dostoïevsky (Chroniques Orsiniennnes) ou dans d’autres formes, beaucoup de nouvelles — dont certaines ne sont pas encore traduites —, où elle s’essaie aussi au récit féministe, des formes plus étonnantes, mais aussi des conférences, des traductions et enfin cette partie si importante de son œuvre, la poésie.
J’oublie les récits pour l’enfance.
Sa poésie explore la nature, se remémore l’esprit du Taoïsme, le Tao Te King… Je trouve remarquable la langue, l’épure et sa recherche du sens qui se résume par la quête d'une sobriété dans l'expression. Ursula K. Le Guin se caractérise par une économie du mot : elle affine son écriture par la concision, donne toute sa force à un mot, et entrelace ainsi les sens par la parenté qu'ils entretiennent par leur proximité.
Je me contenterais d’un exemple, « Parenté » (page 19) que je recopie ci-dessous.
PARENTÉ
Dans la forêt, le grand arbre se consume doucement
dressé dans le léger creux de la neige
que fait fondre autour de lui la chaleur subtile et tenace
de son être et de sa volonté d’être
racines, tronc, feuilles, et de connaître
la terre noire, le soleil éclatant, la caresse du vent, le chant de
l’oiseau.
Sans racine, sans répit, êtres au sang tiède,
nous brûlons de ce brasier qui nous rend
aveugles à ce haut frère lent, feu de vie aussi vigoureux
aujourd’hui que dans la jeune pousse il y a deux siècles
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