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vendredi 5 décembre 2008

Prix littéraires, littérature moribonde

Pour ouvrir la question, je me dois de faire un aveu : en tant qu'auteur, j'ai un plaisir infantile à gagner un prix, mais je sais que plus il existe de prix littéraires, moins la littérature y gagne. Je ne m'intéresse pas aux conditions de leur attribution mais à une idée de l'Excellence.
Les prix littéraires sont devenus une épidémie automnale : les feuilles tombent et les livres aussi : attention la tête ! Leur but vise au cadeau de Noël, absence de choix, facile à ranger, mis en valeur par un marqueur : un bandeau rouge... Les éditeurs vendent, nul ne lit, les auteurs sont contents, les médias sont contents : tout le monde est COMPTANT.
Cette propagation des prix est à rapprocher de la perte d'intérêt qui affecte la littérature française. Que dire d'un auteur qui produit un roman par an ? Pourquoi un jury ? Et pour avoir été membre d'un jury, il m'est pénible d'être contraint de lire une chose que je n'aime pas.
Je rêve d'auteurs libres, écrivant librement sur des sujets libres, d'une littérature qui se vouerait à autrui, à la recherche d'une philosophie ou d'un récit, qui se passerait de ces fumigations qui sont des remèdes plus dangereux que le mal qu'elles prétendent soigner. Ecrire parce qu'on a à dire une chose, le mieux possible, pas la meilleure, mais la plus forte, un désir qui se suffit de sa nécessité et qui rêve de l'absence de comparaison. La littérature n'est pas un sport où il faut déterminer un champion : deux romans majeurs peuvent surgir en même temps, et subsister magnifiquement dans leur altérité.
Le prix n'élève pas l'auteur, il le rabaisse à la mesure commune, lui qui rêvait des étoiles, on lui demande de faire des courbettes et il cache comme une honte son absence sidérante de plaisir. Que faire de ce fatras de punaises ? Comment vacciner la littérature contre ces virus ?

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