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dimanche 7 mai 2017

Fusillés de Châteaubriant (René-Guy Cadou)

    Ils sont appuyés contre le ciel
    Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel
    Avec toute la vie derrière eux
    Ils sont pleins d'étonnement pour leur épaule
    Qui est un monument d'amour
    Ils n'ont pas de recommandations à se faire
    Parce qu'ils ne se quitteront jamais plus
    L'un d'eux pense à un petit village
    Où il allait à l'école
    Un autre est assis à sa table
    Et ses amis tiennent ses mains
    Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
    Ils sont bien au-dessus de ces hommes
    Qui les regardent mourir
    Il y a entre eux la différence du martyre
    Parce que le vent est passé là ils chantent
    Et leur seul regret est que ceux 
    Qui vont les tuer n'entendent pas
    Le bruit énorme de leurs paroles
    Ils sont exacts au rendez-vous
    Ils sont même en avance sur les autres
    Pourtant ils disent qu'ils ne sont pas des apôtres
    Et que tout est simple
    Et que la mort surtout est une chose simple
    Puisque toute liberté se survit
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- Image empruntée au site du poète :
http://www.cadou-poesie.net/73-2/biographie
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Je désirais depuis longtemps évoquer René-Guy Cadou (19520-1951) , et il se trouve que le contexte de la journée appelle à la Mémoire, cette mémoire qui n'est pas mienne, mais qui est inscrite dans ma chair, et qu'à l'heure des descendants de Vichy claironnant leur brutalité, il n'est pas inutile de rappeler ceux-là qui qui sont nos pères... René-Guy Cadou avait fondé l'école de Rochefort, mais quand on lui posait la question, il répondait : « Tout au plus une cour de récréation ». On parle souvent de Devoir de Mémoire, avec des majuscules partout, mais il n'y a là nul devoir, nulle obligation, nulle contrainte, et à vrai dire, étant né bien longtemps après les événements ici évoqués, nulle mémoire sensu strictu, juste un savoir et un apprentissage patients, accumulés tout au long d'une vie et qui me rappelle qu'il y a 76 ans, à la suite de l'assassinat du lieutenant-colonel Karl Hotz, les Allemands exigèrent des autorités de Vichy une liste d'otages qui furent fusillés à Châteaubriant.
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C'est une mémoire orale, qui me fut transmise par les miens, mes professeurs, mes amis aussi et je découvre ce matin qu'un poète sut trouver les mots pour ceux qui acceptèrent de mourir pour la liberté de tout un peuple.

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