Quand j'étais petit, cameraman, c'était le plus beau métier du monde.
Aujourd'hui, c'est ce que je suis devenu, je travaille à France 3.
Et là, on me demande dix fois par jour, ce que ça fait que d'être un fainéant.
Qu'importe la réalité, du moment que la plaisanterie est grasse,
Lourde, répétitive et qu'elle sert admirablement les intérêts de la direction.
Du fait de l'invention de caméras dites robotisées, notre métier a été vilipendé. Peu à peu, on nous a interdit de bouger les caméras, de changer de point de vue, et les mouvements. Puis on a vidé les plateaux : plus de livre, plus de médaille qu'on montre, de légumes qu'on apporte pour venter leurs qualités, de collectionneurs déballant leurs jouets pour qu'ils soient filmés, rien de tout ça, car, supposant une recherche, une qualité d'image, il est évident qu'une caméra robotisée est inapte à rendre ce service, et qu'il faut un opérateur pour faire une image vivante et originale. Donc on vide les plateaux pour les rendre sans intérêt.
Nos centres régionaux ont été affectés à des chefs sans imagination (sauf pour casser une grève, là, ils font preuve d'originalité) : pour faire des économies, on a interdit tout ce qui était original, puis on a figé les caméras, et une fois qu'elles ont été figées, on les a robotisées en argumentant que les opérateurs étaient inutiles. En tuant le chien, on a tué l'image, puis l'homme dont c'était la mission que de l'inventer et de la rendre belle.
« Le troisième millénaire est un bouillon de médiocrité promue au rang de dynamique d'entreprise. »
La modernité, depuis onze ans, c'est être empêché d'exercer notre métier, c'est de la répétitivité, de la fadeur, de l'ennui et comme par hasard, des audimats qui s'effondrent. Les anciens chefs de centre étaient ingénieurs, dévoués et modestes devant la compétence. Les chefs de centre modernes sont surtout imbus d'eux-mêmes : en robotisant une caméra, ils suppriment les cadreurs : de bouc émissaire, nous sommes devenus des non-hommes, des variables d'ajustement.
La modernité, depuis onze ans, c'est être empêché d'exercer notre métier, c'est de la répétitivité, de la fadeur, de l'ennui et comme par hasard, des audimats qui s'effondrent. Les anciens chefs de centre étaient ingénieurs, dévoués et modestes devant la compétence. Les chefs de centre modernes sont surtout imbus d'eux-mêmes : en robotisant une caméra, ils suppriment les cadreurs : de bouc émissaire, nous sommes devenus des non-hommes, des variables d'ajustement.
France Télévisions qui est par ailleurs un champion de ce qu'on appelle des « placards dorés », des gens dont on ne veut plus, mais qu'on promeut et qu'on paye très cher pour ne rien faire, quelques centaines de postes selon les estimations les plus raisonnables, sacrifient sur l'autel de la déshumanisation les cameraman qui lui ont tant donné... Injustice, humiliation et maintenant liquidation, la télévision de service public est devenu un bouillon d'inculture et d'injustice : vive la modernité ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire