D'une voix unie et modeste, le PDG de la grande entreprise automobile reconnaît qu'il s'est trompé. Mieux, il se punit lui-même : « Pas de prime de fin d'année ! » Fichtre. Diantre. Morbleu. Cornegidouille. Quelle force ! Quelle pugnacité ! Quelle grandeur d'âme vis-à-vis de sa propre personne, et quelle promptitude.
Où est passé l'Homme sûr de sa force, cassant, affirmant en toute certitude qu'il y avait des traîtres dans son entreprise, et qu'il coupait les branches pourries avant qu'elles ne grangrènent l'arbre tout entier ?
Où est l'Homme qui, révolutionnant son entreprise, y a entrepris des méthodes de management moderne ayant conduit à une certain nombre de suicides et de dépressions ? Pourquoi cet homme fort ne s'est-il pas liquidé lui-même ? Qui l'aurait regretté ? Arrogant et piteux dans sa déconfiture : qu'il était facile de le berner !
L'humain se révèle par sa mesquinerie. Quant à sa prime de Noël, j'aurais bien l'idée d'un endroit où la mettre, mais je pense aux gens qu'il a licenciés sans préavis, ils ont passé un bien triste Noël et leurs vœux de Nouvel An ont été sans doute bien maigrelets, et je me dis que des excuses publiques en leur présence seraient peut-être le début... d'un début. L'Homme, surhomme de pacotille, gonflé de théories comme baudruche, est-il capable d'humanité ?
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