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lundi 6 janvier 2014

Le Cancre (Jacques Prévert)

      Il dit non avec la tête
      mais il dit oui avec le cœur
      il dit oui à ce qu'il aime
      il dit non au professeur
      il est debout
      on le questionne
      et tous les problèmes sont posés
      soudain le fou rire le prend
      et il efface tout
      les chiffres et les mots
      les dates et les noms
      les phrases et les pièges
      et malgré les menaces du maître
      sous les huées des enfants prodiges
      avec des craies de toutes les couleurs
      sur le tableau noir du malheur
      il dessine le visage du bonheur
 On ne cite jamais assez souvent Jacques Prévert. Quand j'ai commencé à m'intéresser au cinéma, il y a longtemps, j'ai remarqué un jour que des cinéastes médiocres, ou de second plan, avaient — parfois — commis un bon film, par exemple, Christian Jaque et « Les Disparus de Saint-Agil » (1938). A force de chercher est apparu sous certains un dénominateur commun, LE scénariste, de grande inventivité, un certain Prévert. Au Prévert décrié par les professeurs de français et les étudiants emplis de fausses idées et d'idéologie.
 On pense souvent aux chefs d'œuvre qu'il écrivit pour Marcel Carné, mais on oublie « Le crime de Mr Lange » (Renoir, 1936), mon préféré, à vrai dire, « Remorques » (Grémillon, 1941) ou « Le roi et l'oiseau » (Paul Grimault, 1978)...
 Jamais aucun cancre ne fera cela, et si je dois me projeter dans ce poème, peut-être y siégerais-je aux côtés des cruels et soi-disant enfants-prodige ? Quand j'avais huit ans, peut-être. Mais aujourd'hui, quand mon cœur retourne vers ce beau poème, combien de fois ai-je rêvé de tout envoyer paître, mes maîtres, leur imbécillité, les obséquieux qui leur font la cour et qui posent à la place des maîtres les questions piège, les acharnés qui crient sans bouger, les taiseux qui vont négocier dans le dos des copains... c'est un autre monde, mais l'école avec son roi et ses sujets en reste l'élégante métaphore.
Un exemple, les publicités intercalées par l'immonde Batala dans la première publication des œuvres de Mr Lange :

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