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Il me semble, ce soir,
Que le ciel étoilé, s'élargissant,
Se rapproche de nous ; et que la nuit,
Derrière tant de feux, est moins obscure.
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Et le feuillage aussi brille sous le feuillage,
Le vert, et l'orangé des fruits mûrs, s'est accru,
Lampe d'un ange proche ; un battement
De lumière cachée prend l'arbre universel.
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Il me semble, ce soir,
Que nous sommes entrés dans le jardin, dont l'ange
A refermé les portes sans retour.
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Yves Bonnefoy (1923-2016) nous a quitté le 1er juillet 2016 et je peux bien avouer que je ne connaissais pas du tout son œuvre. Poésie à l'apparence classique et au sens complexe, labyrinthique, chargée de mystères et de sombres espoirs, que je vous invite à découvrir en même temps que moi.
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LA LUMIÈRE, CHANGÉE
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Nous ne voyons plus dans la même lumière,
Nous n'avons plus les mêmes yeux, les mêmes mains.
L'arbre est plus proche et la voix des sources plus vive,
Nos pas sont plus profonds, parmi les morts.
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Dieu qui n'est pas, pose ta main sur notre épaule,
Ébauche notre corps du poids de ton retour,
Achève de mêler à nos âmes ces astres,
Ces bois, ces cris d'oiseaux, ces ombres et ces jours.
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Renonce-toi en nous comme un fruit se déchire,
Efface-nous en toi. Découvre-nous
Le sens mystérieux de ce qui n'est que simple
Et fût tombé sans feu dans des mots sans amour.
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