I (dessin de Gus Bofa)
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Un rat est venu dans ma chambre.
Il a rongé la souricière,
Il a arrêté la pendule
Et renversé le pot à bière.
Je l'ai pris dans mes bras blancs.
Il était chaud comme un enfant.
Je l'ai bercé bien tendrement.
Et je lui chantais doucement :
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Refrain
Dors mon rat, mon flic,
Dors mon vieux bobby,
Ne siffle pas sur les quais endormis
Quand je tiendrai la main de mon chéri.
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II
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Un Chinois est sorti de l'ombre,
Un Chinois a regardé Londres.
Sa casquette était de marine
Ornée d'une ancre coralline.
Devant la porte de Charly,
A Pennyfields, j'lui ai souri
Dans le silence de la nuit.
En chuchotant, je lui ai dit
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Refrain
Je voudrais, je voudrais, je n'sais trop quoi.
Je voudrais ne plus entendre ma voix.
J'ai peur, j'ai peur de toi, j'ai peur de moi.
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III
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Sur son maillot de laine bleue
On pouvait lire en lettres rondes
Le nom d'une vieille Compagnie
Qui, paraît-il, fait l'tour du monde.
Nous sommes entrés chez Charly,
A Pennyfields, loin des soucis.
Et j'ai dansé toute la nuit
Avec mon Chin'toc ébloui.
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Refrain
Et chez Charly, il faisait jour et chaud.
Tess jouait « Daisy Bell » sur son vieux piano,
Un piano avec des dents de chameau.
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IV
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J'ai conduit le Chinois dans ma chambre.
Il a mis le rat à la porte.
Il a remonté la pendule
Ila rempli le pot à bière.
Je l'ai pris dans mes bras tremblants
Pour le bercer comme un enfant.
Il s'est endormi sur le dos...
Alors, j'lui ai pris son couteau.
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Refrain
C'était un couteau perfide et glacé
Un sale couteau, rouge de vérités
Et de bobards pour Poplar, sur les quais.
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Pierre MAC ORLAN (1882-1970) est une personnalité singulière des années 1920-1930, surtout connu pour être l'auteur du « Quai des Brumes ». Il a influencé nombre de grands noms de la littérature, dont Vian, il a connu la bohême, beaucoup voyagé, et sa littérature s'est fortement teinté de ses voyages, de sa vision décalée de l'époque au point de créer à lui seul un thème : Le Fantastique Social qu'on retrouvera chez de nombreux auteurs, et notamment dans le cinéma français de l'époque. Il a écrit quelques chansons, dont La chanson de Limehouse Causeway qui a été mise en chanson.
Je m'en tiendrai pour cette semaine à une chanson, à chaque jour suffit sa peine. Je reviendrai bientôt avec un texte humaniste de Pierre Mac Orlan qui m'a fasciné et que vous pourrez retrouver ici, si cela vous dit. En attendant, je vous laisse écouter la seule version que j'ai trouvée de cette chanson :
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