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dimanche 16 décembre 2018

La Neige (Charles-Auguste Grivot)

     Sous la nuit froide, sans cortège,
     Vers cette tombe elle venait ;
     J'ai pu la voir, car sur la neige
     Son voile noir se dessinait.
     Là de sa mère gît la cendre ;
     Sa douleur y priait tout bas :
     Toi qui me l'as fait voir si tendre,
     O neige, neige, ne fonds pas !
                         -
     Les pleurs tombant de sa paupière,
     Sur cette urne se sont glacés ;
     Et dans le givre, sur la pierre
     Tous ses baisers restent tracés.
     De ses peines silencieuses
     Tout parle ici jusqu'à ses pas :
     Garde ces traces précieuses,
     O neige, neige, ne fonds pas !
                         -
     Puis elle partit courageuse,
     Mon œil, au lointain, la perdait.
     Sous ses pas la plaine neigeuse
     Avec le ciel se confondait.
     J'ai cru la voir, destin étrange !
     Au ciel s'évanouir là-bas.
     Toi qui me l'as fait croire un ange,
     O neige, neige, ne fonds pas !
                         Charles-Auguste GRIVOT (1814-1846)
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L'auteur de ce beau poème est un méconnu, seules des rares revues et dictionnaires le mentionnent et pourtant...
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Charles-Auguste Grivot fit partie de cette classe bénie des ouvriers-poètes : né à Châteauneuf-sur-Loire, il devint tonnelier, et fut apprenti dès l'âge de treize ans. Fils d'un père qui chantait et connaissait la poésie, et d'une mère qui lui apprit très jeune les fables de La Fontaine, il connaissait par cœur nombre de fables, avant même d'entrer à l'école. Il étudia dix mois en deux ans, car, dans les années 1820, l'école ne pouvait être qu'un moment bref, peu suivi, et où la passion de l'écolier était le moteur de tout progrès. Très vite, Charles-Auguste manifeste un penchant déclaré pour la poésie. La découverte de la lecture, romans, poèmes, est sa passion et il bénéficie de la la générosité de ses amis qui lui ouvrent grand leur bibliothèque.
Il ne vécut guère de sa plume mais, comme on peut le voir, c'est une âme bien née qui n'attendit guère la permission de quiconque pour exercer un talent sans conteste.
Rien de très étonnant dès lors que de constater, que la principale mention de son œuvre se trouve dans le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social et que je me sois permis, armé du livre qui est arrivé entre mes mains par un ami, Jean-Louis Nizon, qui l'avait dans sa bibliothèque, de créer sa fiche Wikipedia.

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