Jean-Jacques Régnier nous a quittés dans la nuit du 25 au 26 novembre 2022. Je ne peux pas dire que je le connaissais si bien que ça, moins que beaucoup, mais nos échanges ont toujours été très chaleureux, pas de distance, au contraire, une façon discrète de vous faire savoir que vous êtes le bienvenu, une amitié solide et tout aussi discrète et, de temps en temps, surtout pendant les conventions, des collaborations, des ouvertures et le plaisir d'œuvrer ensemble, notamment au sein des conventions de science-fiction dont il fut un pilier et aussi, en 2013, maître d'œuvre, à Aubenas.
Dès ma première convention, en 2008 à Nyons, ce fut un des premiers avec qui j'ai échangé. Vous arrivez dans un groupe de copains où vous êtes un étranger, et il fait partie de ceux qui vous font entrer dans le cercle, qui vous accueille, qui lit ce que vous écrivez, aussi.
Je me souviens d'une intervention du groupe Remparts, où il avait inventé le club de science-fiction Costa-ricain dont il avait tracé un portrait plein de drôlerie et de piques pour les fans de SF.
Je me souviens qu'il détestait l'expression « Fandom » (le royaume des fans) au sens où y faire référence n'était faire référence à rien, puisque c'est un concept informel, flottant, et pour tout dire impossible à saisir, surtout le jour où vous y faites appel...
Je me souviens qu'il a proposé la tenue d'une convention à Aubenas, organisée avec Mireille Meyer, sa femme, et que ce fut une convention de très haute tenue avec Caza en invité d'honneur. À l'époque, je défendais l'idée de créer une convention mondiale en France, et bien qu'il se soit montré hostile à cette idée – préférant nettement les réunions en petit comité ou en convention, une centaine de personnes à ces grands raouts de la communication – il nous avait accordé, à Georges Bormand et à moi-même, un créneau d'une heure pour défendre notre idée devant les conventionnels.
Je me souviens qu'il tenait avec la rigueur d'un timonier la barre du bulletin de l'association Remparts et, bien que ce bulletin n'ait pas vocation à être polémique, il m'avait pris un article où je m'en prenais à un prix dénommé les razzies et, bien que d'autres aient exprimé leur désaccord, il avait défendu cette prise de position en expliquant qu'il trouvait lui aussi ces razzies nauséabondes et qu'il était grand temps de le dire.
Tout récemment, nous avions œuvré ensemble dans une anthologie de haute volée, « Religions d'ailleurs et de demain » et ce compagnonnage inattendu pour moi, m'avait fait plaisir…
Il adorait Ursula K. Le Guin et à la convention de Grenoble, où j'avais amené, tout juste sorti de l'impression « Le Pêcheur de la mer Intérieure », ça a été un des premiers à me demander avec un sourire surpris : « C'est un vrai ? », et quand il a su que c'était un inédit, il fut le premier à l'avoir.
Il n'aimait pas les photos, et la dernière que j'ai prise, à la convention de Valbonne avait suscité sa mauvaise humeur, car il savait que je risquais fort de la publier et qu'il n'aimait pas ça, j'avais détruit la photo, et celle qui illustre cet article, a été saisie sur le vif – en toute impunité –, par mes soins, à la convention d'Amiens, en 2014.
Il adorait le théâtre et fut un des premiers lauréats du prix Aristophane, dédié à une pièce de théâtre se déroulant dans la SF, « Nul n'est censé ignorer le chat »... que je vous invite à lire ou à relire, histoire d'y retrouver son esprit, son humour et ses saillies percutantes. Je te garde une place dans ma mémoire, Jean-Jacques et l'envie de te proposer un article pour le bulletin...
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