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J'suis mort qui, qui dit mieux
Ben mon pauv'vieux, voila aut'chose
J'suis mort qui, qui dit mieux
Mort le venin, coupée la rose
J'ai perdu mon âme en chemin
Qui qui la r'trouve s'la mette au chose
J'ai perdu mon âme en chemin
Qui qui la r'trouve la jette aux chiens
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J'm'avais collé avec une fumelle
Ben alors ça c'est la plus belle
J'm'avais collé avec une fumelle
L'jour où j'ai brûlé mes sabots
J'lui avais flanqué un marmot
Maint'nant qu'son père est plus d'ce monde
L'a poussé ce p'tit crève-la-faim
Faut qu'ma veuve lui cherche un parrain.
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Elle lui en avait d'ja trouvé un
Eh j'ai pas les yeux dans ma poche
Elle lui en avait d'jа trouvé un
Dame faut prévoir, en cas d'besoin
C'est lui qui flanquera des taloches
À mon p'tiot pour qu'il s'tienne bien droit
C'est du joli, moi j'trouve ça moche
De cogner sur un plus p'tit qu'soi.
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Cela dit dans c'putain d'cimetière
J'ai perdu mon humeur morose
Jamais plus personne ne vient
M'emmerder quand je me repose
À faire l'amour avec la terre
J'ai enfanté des p'tits vers blancs
Qui me nettoient, qui me digèrent
Qui font leur nid au creux d'mes dents.
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Arrêtez-moi si je déconne
Arrêtez-moi ou passez m'voir
Sans violettes, sans pleurs ni couronnes
Venez perdre un moment d'cafard
J'vous f'rais visiter des cousins
Morts à la guerre ou morts de rien
Esprits qui vous clignent de l'œil
Les bras tendus hors du cercueil
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Aujourd'hui je vous sens bien lasse
Ne soyez plus intimidée
À mes côtés reste une place
Ne tient qu'à vous de l'occuper
Qu'est c'que tu as ? Oui, le temps passe
Et le p'tit va rentrer de l'école
Dis lui q'son père a pas eu d'bol
L'a raté l'train, c'était l'dernier.
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Attend un peu, ma femme, ma mie
Y a un message pour le garçon
J'ai plus ma tête, voilà qu'j'oublie
Où j'ai niché l'accordéon
P't'être à la cave, p't'être au grenier
Je n'aurais de repos pour qu'il apprenne
Mais il est tard, sauve-toi, je t'aime
Riez pas du pauv'macchabée
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Ceux qui ont jamais croqué d'la veuve
Les bordés d'nouilles, les tir-à-blanc
Qu'ont pas gagné une mort toute neuve
À la tombola des mutants
Peuvent pas savoir ce qui gigote
dans les trous du défunt cerveau
Quand sa moitié dépose une botte de rose
Sur l'chardon du terreau...
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Jacques Higelin 18 octobre 1940 - 6 avril 2018, c'est un peu des tas de morceaux de ma vie qui s'en vont. Le hasard macabre fait qu'un autre, plus proche, et moins connu, soit parti le même jour, une pensée à Hervé Thiellement qui n'aurait pas détesté — je pense — se retrouver un jour aux côtés du grand Jacques... et qui me faisait l'honneur régulier de passer sur ce blog avec un petit commentaire en passant, il tenait aussi un blog de chroniques littéraires de première classe, sous le pseudonyme d'Henri Bademoude... Nous nous étions vus à la dernière convention, à Grenoble, et nous avions passé de bons moments ensemble...
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