Goggle Analytics

mercredi 9 avril 2025

Une interview de Pierre Gevart

 À propos du Joueur du Louvre, recueil de nouvelles à paraître, Pierre Gévart a accepté de répondre à nos question, sur sa vision de l'écriture et de la création :


Lisait-on dans votre entourage dans votre jeunesse ?

Oui, mes parents lisaient, je crois qu’on dirait aujourd’hui qu’ils appartenaient à un milieu intellectuel de province. Pour l’anecdote, ils s’étaient rencontrés pour la première fois au cinéma en allant  y voir « les Jeux sont faits », un film de Jean-Paul Sartre. Le grand plaisir, quand nous étions en vacances, c’était les passages quasi quotidiens par la librairie des sœurs Hans, à Merlimont Plage, nous revenions chargés de livres.


Avez-vous des premiers souvenirs de lecture ?

Oui bien sûr, j’ai des premiers souvenirs de lecture : toute la collection des livres pour enfants des Deux Coqs d’or, et des livres aussi que ma mère avait spécialement écrits et illustrés pour moi et que j’ai toujours. Plus tard, les bibliothèques rose, verte, les livres de Jules Verne et cette superbe encyclopédie Quillet en 6 volumes, illustrée de planches en couleur qui m’a accompagné jusqu’à l’université et avec laquelle j’ai passé des heures de découvertes et de joie. Il y a aussi, quand j’étais au collège, avec mon ami Daniel, ces moments : dès que nous sortions de l’établissement, le soir, nous filions à la bibliothèque municipale de Valenciennes où nous avons passé des heures à découvrir des ouvrages anciens. Je me souviens d’avoir recopié à la main « un drame en Livonie », de Jules Verne, car il était alors introuvable et que les photocopieuses n’existaient pas encore.


Quels livres vous tiennent plus particulièrement à cœur ? 


Le premier, celui qui a marqué le début de quelque chose

Le premier, c’est peut-être bien l’album Coke en stock, d’Hergé, mon premier Tintin. Je les ai tous lus par la suite et même plusieurs fois et d’une certaine manière j’ai passé ma vie à vouloir devenir Tintin


Un livre qui est comme un compagnon sur le chemin

Sans doute le même : Les aventures de Tintin, mais aussi L’histoire de France racontée à Juliette, par Jean Duché, d’où est sans doute née ma passion pour l’histoire.


Le livre que vous adorez sans avoir jamais osé le dire

Puisqu’il faut une réponse : Les mémoires d’Outre-Tombe, de François René de Chateaubriand, dont j’ai terminé la lecture à vingt ans, au pied d’un volcan d’Islande… J’aurais trop peur de me la jouer, en le disant. Ah zut ! je l’ai dit !


Celui qu'on aime trouver lors d'un réveil nocturne ?

C’est plutôt celui qui m’a empêché de dormir car je n’ai pu me résoudre à arrêter ma lecture vespérale. Dans un tel cas, il m’arrive de m’éveiller, de me relever et d’aller m’installer dans le canapé du salon pour terminer parfois jusqu’aux petites heures de l’aube. Sinon Simenon serait une bonne réponse, et une ou deux anthologies de poèmes aussi.

 

Vous souvenez-vous de votre apprentissage de l'écriture ?

Si je me souviens de mon apprentissage de l’écriture ? Oui, c’était à la maison sur la table du salon. Ma mère qui avait été mon institutrice en maternelle, avait tenu à m’apprendre elle-même à lire à écrire à cinq ans, reproduisant en cela, ce qu’avait fait son père, mon grand-père ébéniste et peintre du dimanche, avec ses deux filles. Très vite j’ai eu non pas l’envie mais l’évidence d’écrire. Un ami de mes parents, guide de chasse dans le Haut-Oubangui, en Afrique, m’avait raconté les histoires les plus invraisemblables sur la chasse aux éléphants. Ce fut mon premier livre, texte et dessins. J’avais cinq ans et demi.


Les premières œuvres de science-fiction qui vous ont marqué ?

Les premières œuvres de science-fiction qui m’ont marqué ont été d’une part les romans de Jules Verne, et aussi des romans populaires, signés par un dénommé Victor Appleton II, dont j’ai appris il y a peu qu’il s’agissait en fait d’un pseudonyme collectif. C’était complètement invraisemblable : Tom Swift, un  milliardaire, était assez riche pour fabriquer lui-même des fusées et les envoyer vers la Lune. Vous imaginez ça, vous, un milliardaire qui construit des fusées ? Et puis il y a eu aussi la Nébuleuse d’Andromède », d’Ivan Efremov, un livre qui m’a beaucoup marqué. J’ai eu la chance un jour de pouvoir aller visiter le musée privé de l’école de la Marine, à Saint-Pétersbourg, où Efremov, qui était géologue, comme je le suis devenu moi-même, avait son laboratoire. C’est un grand souvenir.

Vous souvenez-vous de votre première nouvelle ?


Ma première nouvelle ? Vous voulez dire que j’ai écrite ou que j’ai lue ? Que j’ai lue, c’était les nouvelles du grand possible chez Marabout ; que j’ai écrit : une histoire de double psychique. J’avais 17 ans, je crois, je rédigeait une revue entre copains pour le lycée, nous devions tirer à au moins quatre exemplaires, et j’y plaçais des nouvelles.


Existe-t-il des moments privilégiés pour l'écriture ?


Des moments et des lieux privilégiés, oui, mais jamais les mêmes. Parfois c’est la nuit parfois tôt le matin ça peut être dans un grand silence ou bien dans un café au milieu du bruit des consommateurs. Et même dans une boite de nuit, une fois, en Russie. En fait, c’est quand j’en ai le besoin ou l’envie.


À partir de quand savez-vous si votre texte sera une nouvelle, une novella, un roman ? Un texte peut-il changer de statut ?


En général, assez vite, après les premières pages. Mais oui, un texte peut changer de statut. D’une nouvelle je peux faire une pièce de théâtre ou l’inverse, je peux démembrer un roman pour sortir des nouvelles, ou décider de relier entr’elles des nouvelles pour sortir un roman. Je ne jette rien, je conserve tout. Peut-être à tort !


Avez-vous un ou des lecteurs privilégiés, ceux dont l'avis importe ?


Un ou des lecteurs privilégiés ? Oui et non tous les lecteurs comptent, mais j’ai au moins un lecteur, un ami qui a lu un de mes textes – qui n’est pas de la science-fiction – et cette lecture l’a marqué pour la vie. Il l’a relu des dizaines de fois, je crois. Un jour, j’ai voulu reprendre mon texte et en changer la fin : il est entré dans une fureur noire.


Pour une nouvelle, y a-t-il un déclencheur d'une nouvelle ? Souvenir ? Objet ? Rencontre ?


Le déclencheur pour une nouvelle ? parfois oui parfois non. Il m’arrive de m’asseoir dans un café, ou en pleine rue et d’écrire ce qui se passe autour de moi, et ensuite, le reste vient ! Il y a une quarantaine d’années, je publiais chaque semaine une courte nouvelle dans la presse locale. Je devais déposer mon texte sur le marbre de l’imprimerie à 11 h au plus tard, le mercredi. Eh bien presque toujours, je prenais le stylo en main à 10 h, et 55 mn plus tard, j’enfourchais mon vélo, et je déposais la nouvelle même pas relue ! 

Un jour, je me suis arrêté pour m’asseoir sur une borne en béton rue Mouffetard, et je me suis mis à écrire au dos du ticket de caisse de la poissonerie où j’avais trouvé une inspiration. J’ai même commencé, un autre jour, un roman sur des tickets de métro ! et puis le reste suit, j’ai l’impression en fait de découvrir ce que j’écris comme si c’était l’écriture d’un autre, j’attends la suite et quelquefois je m’endors en me demandant bien ce que je pourrai raconter après, et le matin il me suffit de reprendre la page et la suite vient. Je fais rarement des plans, mais ça m’arrive aussi, parfois.



Pour reprendre la nouvelle qui donne son titre au recueil, Le Joueur du Louvre, vous souvenez-vous de la façon dont vous l'avez conçue ? Y a-t-il un élément qui a guidé l'écriture : le musée ? Le jeu de semailles ? Ou une réflexion sur la naissance des jeux ?


Pour le joueur du Louvre, oui je peux répondre et je vais même répondre à vos deux questions en même temps. Un jour donc je visitais les salles d’archéologie du musée du Louvre, et je suis entré dans la salle consacrée à Sumer. J’ai vu ce vase à 12 godets, qui portait une étiquette en faisant un objet votif, religieux. Pour moi, qui suis passionné par les jeux, et par ce qu’ils traduisent des peuples qui les ont conçus, ce n’était pas ça du tout : il était bien évident que j’avais devant moi un jeu d’Awélé, ce jeu de semailles africain proche d’une famille de Jeux qu’on retrouve au Vietnam et en Asie du Sud-Est. Leur origine est inconnue, et voilà que j’avais le sentiment de découvrir les sources du Nil. C’était là, à mi-chemin de l’Afrique et de l’Asie, que se trouvait le début. Longtemps, j’ai eu envie d’en faire un article, une communication scientifique. Mais bon, il faut bien le dire, ce n’est pas mon truc. Alors j’ai eu l’idée d’en faire une nouvelle. Un ami avait projeté de réunir une anthologie sur Paris, et j’ai écrit cette nouvelle. Après, cet ami aurait voulu que je la fasse évoluer vers beaucoup plus de fantastique. Cela aurait dénaturé ce que je voulais en faire. J’ai donc préféré me retirer de l’anthologie. 


L'œil de plastique est une nouvelle qui m'a fait penser à une nouvelle de Mike Resnick, comme un hommage. En tant que grand connaisseur de cette littérature, pouvez-vous citer quelques auteurs spécifiques à ce type de textes courts ? Étrangers ? Français ?


Resnick, oui, Dick aussi, bien sûr, et tant d’autres, sans oublier tous ceux que je publie ou non, à commencer par mon cher et regretté Bruno Pochesci.


La nouvelle Digicodes me rappelle le plaisir qu'on a à arpenter les rues de Paris, est-elle née d'une flanerie ?


Plus que cela ! Pendant deux ans, j’ai été chargé de porter la bonne parole de la révolution numérique dans les collèges de la Ville de Paris. J’en ai profité pour parcourir toutes les rues, toutes les places, les impasses, les ruelles… Ce fut fatigant, mais passionnant ! J’en garde d’ailleurs une passion pour les rues de Paris.


Y a-t-il une – autre – nouvelle du recueil Joueur du Louvre à propos de laquelle vous auriez envie de dire un mot ?


A. M. E., peut-être, que j’ai joué sur scène en représentation, et dont le thème me semble paradoxalement plein d’espérance !

dimanche 22 décembre 2024

Observer le soleil grâce à deux satellites synchrones

– Proba 3 (©ESA) –

Les éclipses sont un moment propice pour effectuer des observations. Ainsi, en observant une éclipse de Lune, Aristote émit l'hypothèse que la Lune passait dans l'ombre de la Terre et que cette ombre, étant courbe, appuyait l'idée selon laquelle la Terre était ronde...

De même, il se trouve, mais c'est un heureux hasard que la Lune et le Soleil ont une largeur d'un demi-degré... avec de petites variations dues aux distances. La Lune occulte par intervalle le soleil. Si le soleil est plus proche, c'est une éclipse annulaire. Sinon il s'agit d'une occultation complète du soleil : elles ont révélé l'existence de la couronne solaire, source, encore aujourd'hui, de questions de sciences...

Mais elles restent rares : deux éclipses de Lune sont prévues en 2025 et deux éclipses solaires partielles également. Afin de bénéficier d'un outil pour créer des ellipses partielles, un astronome français, Bernard Lyot, invente dans les années 30 (du XXe siècle) le coronographe qui est une pastille noire mise en avant d'un télescope, de manière à lui faire occulter le soleil.
Si vous déjà essayé de couper le faisceau d'un projecteur, c'est pas si facile. À la télévision, les volets sont articulés sur le projecteur, et le bord du faisceau est flou. Si vous désirez une ombre précise, plus l'objet sera lointain, meilleure sera l'occultation.
D'où l'idée défendue par des Belges et des Espagnols, de constituer un couple de satellites : l'un étant en observation et l'autre, nommé ASPIICS, une pastille ronde (diamètre : 1,40m). Toute la difficulté étant de manœuvrer l'occulteur de façon à ce qu'il se place exactement dans l'axe du télescope, 150 mètres devant. Il s'agit d'une grande première, avant, peut-être plus tard, de développer des télescopes synchrones ou des interféromètres de très grande taille...
Proba 3 a été lancé le 5 décembre par une fusée indienne. À suivre...



mercredi 27 novembre 2024

Remise des prix Srias 2024

 

Hier avait lieu dans un salon de la préfecture la remise des prix SRIAS. 
Qu'est-ce que la SRIAS : lire section régionale interministérielle de l'action sociale.  Qu'est-ce que ce prix littéraire ? Il s'agit d'une initiative prise pendant le Covid, durant ces périodes interminables où nous fûmes consignés chez nous, sans se soucier de nos besoins de culture et de sociabilité : fut organisé ce prix littéraire centré sur la région Centre : soit par son éditeur soit par son sujet. Cette année, le jury a reçu 47 livres et à l'issue des délibérations, les deux prix ont été décernés à : 
– ∞ –
– Anne Surrault pour Ticoco : ramdam chez les hippos –

– Roger Judenne pour Cinq nuits avant l'arrivée des américains –
– ∞ –
Bravo aux lauréats !
© photos : Bernard Henninger

mercredi 20 novembre 2024

Bernardette Després est une étoile filante...

Ce printemps 2024, le 14 avril, nous avons reçu en apéro-livres et unique invitée, Bernadette Després, et pour une fois, nous avions dans le public des enfants et de jeunes adultes. Elle avait bien accueilli notre invitation mais elle ne pensait pas pouvoir venir, car c'est sa fille qui l'emmenait en voiture, et puis, comme c'était les vacances, c'est devenu possible...

Elles arrivèrent à l'heure et Bernadette Després s'installa sans façon à la table. Comme plusieurs des participants étaient venus avec des albums, contrairement à d'habitude, la séance commença avec des dédicaces improvisées.


À la suite de quoi, la séance suivit son cours avec une interview tambour battant menée par Monique Lemoine... et le parcours d'une vie consacrée au dessin.
Dès le lycée, elle nous raconta que ses cahiers étaient couverts de ces dessins si pleins de vie.

Depuis son tout premier album : « Annie fait ses courses » jusqu'à une de ses créations les plus récentes : le plan de Chantilly-sur-plat... qu'elle nous envoya les jours suivants.

Un moment plein d'émotions et de joie.

© Photos : Bernard Henninger 2024




dimanche 10 novembre 2024

Don't let it bring you down (Neil Young)

 

- © Neil Young 

        Old man lying by the side of the road

        With the lorries rolling by

        Blue moon sinking from the weight of the load

        And the buildings scrape the sky


        Cold wind ripping down the alley at dawn

        And the morning paper flies

        Dead man lying by the side of the road

        With the daylight in his eyes


REFRAIN         Don't let it bring you down

                                It's only castles burning

                                Find someone who's turning

                               And you will come around


        Blind man running through the light of the night

        With an answer in his hand

        Come on down to the river of sight

        And you can really understand


        Red lights flashing through the window in the rain

        Can you hear the sirens moan ?

        White cane lying in a gutter in the lane

        If you're walking home alone


REFRAIN (3)


        Un vieil homme étendu sur le bord de la route
        Avec les poids lourds qui passent sans s'arrêter

        Lune bleue sombre sous le poids du fardeau

        Et les immeubles grattent le ciel


        Le vent froid s'engouffre dans la ruelle à l'aube

        Et le journal du matin s'envole

        Un homme mort gît sur le bord de la route

        Avec la lumière du jour dans les yeux


REFRAIN        Ne te laisse pas abattre

                           C'est seulement un feu de paille

                           Trouve quelqu'un qui se tourne vers toi

                           Et tu reviendras


        Un aveugle courant dans la nuit

        Avec une réponse en main

        Descends vers la rivière de la vision

        Et tu pourras vraiment comprendre


        les girophares clignotent à travers la fenêtre sous la pluie

        Entendez-vous les sirènes gémir ?

        Canne blanche posée dans un caniveau dans l'allée

        Et tu rentres chez toi seul


Neil Young

À cet âge-là, 75/76, j'avais 15/16 ans,  Brassens et Brel d'un côté, Bach & Schubert, de l'autre, c'était merveilleux.

J'aimais bien les Beatles, c'est mes frères qui avaient les albums (Sgt. Pepper's...) , et quelques 45 tours avec quelques tubes des années 60  : Nights in white satin, All Day and all of the night, Venus... des chansons dispersées, et soudain la pop musique, et le premier, Neil Young, qui éclaire la nuit... On écoutait ça sur un Philips en forme de valise, et il fallait faire attention quand on posait l'aiguille sur le disque à ne pas créer un plop...

jeudi 7 novembre 2024

Héra regarde la Terre

– © copyright : ESA – 

La sonde Héra, en route vers le couple d'astéroïdes Didymos/Dimorphos  s'est retournée pour un regard rétrospectif : alors, le petit point ridicule au milieu, c'est nous, la Terre et la poussière à gauche, c'est la Lune, à 300 000 km de la Terre, la sonde était alors à 3,8 millions de kilomètres de la Tere, une image qui rend pensif. 

(si vous cliquez sur ESA, vous verrez la Lune tourner autour de la Terre)